Débloquez gratuitement Editor’s Digest
Roula Khalaf, rédactrice en chef du FT, sélectionne ses histoires préférées dans cette newsletter hebdomadaire.
La dirigeante d’extrême droite française Marine Le Pen sera jugée lundi pour détournement de fonds européens, dans une affaire politiquement chargée qui pourrait entraîner des amendes et une interdiction d’exercer des fonctions électives.
Les procureurs accusent le triple candidat à la présidentielle et ancien membre du Parlement européen d’avoir abusé des fonds de l’UE pour rémunérer le personnel embauché à Bruxelles pour le travail qu’ils effectuaient pour le parti en France.
Sont également jugés 24 autres personnes, dont des élus et des membres du personnel, ainsi que le parti d’extrême droite de Le Pen lui-même.
Ils auraient détourné environ 3,2 millions d’euros entre 2004 et 2016, à une époque où leur parti, alors appelé Front National, était à court d’argent, selon Patrick Maisonneuve, l’avocat du Parlement européen lors du procès.
Si cela s’avérait vrai, de telles pratiques seraient contraires aux règles qui régissent la manière dont les députés peuvent dépenser l’argent qui leur est alloué pour couvrir leurs dépenses.
Le Pen et les autres accusés ont déclaré n’avoir commis aucun acte répréhensible. Le fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, père de Marine Le Pen et ancien membre de l’Assemblée européenne pendant 25 ans, devait également être jugé, mais les juges ont jugé que l’homme de 96 ans était trop fragile.
S’ils sont reconnus coupables, les juges pourraient prononcer contre Marine Le Pen une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans, 1 million d’euros d’amende et une interdiction maximale d’exercer des fonctions électives de cinq ans.
Un tel verdict provoquerait une onde de choc politique en France, car son parti, désormais rebaptisé Rassemblement National, est devenu une force puissante au sein du Parlement français fracturé à la suite des élections anticipées de cet été.
Le vote a été convoqué par le président Emmanuel Macron après que le RN ait remporté la plus grande part des voix lors des élections au Parlement européen en juin. Le Pen devrait se présenter à nouveau à la présidence en 2027, à la fin du deuxième et dernier mandat de Macron.
Alors que les partis d’opposition menacent de voter de censure contre le fragile nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Michel Barnier, le RN apparaît comme un faiseur de rois puisque ses voix seraient nécessaires pour qu’une telle motion soit adoptée.
La police et les procureurs français ont commencé à enquêter sur cette fraude présumée en 2014 après que le Parlement européen ait présenté des preuves démontrant que le parti de Le Pen détournait des fonds.
Pour obtenir une condamnation, les procureurs devront prouver que Le Pen et d’autres accusés ont intentionnellement réorienté leur personnel à Bruxelles vers des tâches qui n’étaient pas liées à leur travail parlementaire européen.
Maisonneuve, l’avocat du Parlement européen, a déclaré que les responsables à Bruxelles avaient initialement remarqué qu’« une grande majorité des assistants » figurant dans l’organigramme du RN semblaient être basés en France et ne travaillaient pas à l’Assemblée européenne.
« Nous avions l’obligation d’informer les autorités françaises pour nous assurer que l’argent des contribuables européens n’était pas utilisé à mauvais escient », a-t-il déclaré.
Le Pen a qualifié les accusations de « profondément injustes » et a promis que le procès ne perturberait pas le travail du RN. Question de La Tribune journal Début septembre, si elle craignait un verdict qui l’empêcherait d’être élue, elle a déclaré qu’elle pensait qu’elle et ses coaccusés seraient innocentés. « Je suis très sûre de notre innocence », a-t-elle déclaré.
Plusieurs partis politiques français ont été accusés de crimes similaires impliquant des assistants parlementaires de l’UE.
L’un des alliés de Macron, le centriste François Bayrou, a été innocenté plus tôt cette année, mais son parti, le MoDem, a été déclaré coupable de détournement de fonds européens. En 2018, une enquête a été ouverte contre le parti d’extrême gauche France Insoumise, mais aucune charge n’a été retenue.
« Il peut être difficile de tracer une frontière entre le travail effectué pour le député européen et le travail effectué pour le parti », a déclaré Francis Teitgen, l’avocat qui a représenté le parti MoDem dans un procès similaire.
« Par rapport au cas du Modem, très pro-européen, l’ambiance de celui du RN sera différente puisqu’ils sont eurosceptiques. »