Maria Rodés : « L’art ne doit pas refléter ce que les gens veulent voir ou entendre »


Maria Rodés a sorti un autre album merveilleux, ‘Fuimos los dos’. Il l’a présenté avec des singles comme ‘Recordarte’ et ‘Prefero no decir nada’ et il y a d’autres chansons qui méritent également d’être reconnues. Par exemple ‘Ay soledad’ ou ‘Lâchez les armes’, qui est notre « chanson du jour » pour aujourd’hui.

Si tout l’album a été écrit pendant la pandémie, cette chanson est celle qui la représente le mieux. Il nous parle de la « fin du monde » à couper le souffle pour ce dont nous nous souvenons tous. Et aussi grâce à une production détaillée qui est presque narrative dans ses changements, et bien sûr à la belle voix de Maria Rodés. Mais qu’elle nous l’explique elle-même.

Que peux-tu nous dire sur la création de ‘Drop Your Arms’ ? Comment est-ce arrivé, comment avez-vous trouvé le titre ? Toute curiosité à ce sujet.
La chanson est née pendant le confinement. J’ai entrepris de composer une chanson par jour et de ce défi sont nées les 13 chansons de l’album. En plus de composer la chanson en question, il a également enregistré une petite vidéo personnelle pour l’accompagner et la poster sur les réseaux. Dans le cas de ‘Drop Weapons’ j’apparais jouant la chanson devant la projection du film ‘In the Mood for Love’. La vidéo est à retrouver sur mon mur Instagram (si vous téléchargez jusqu’au 15 mars 2020).

J’ai beaucoup hésité avec le titre. Au début ça s’appelait ‘State of Alarm’ (trop pandémique…), puis ça s’est rebaptisé ‘The End of the World’ (trop typique), et finalement j’ai opté pour ‘Drop Weapons’, qui je pense reflète bien l’intention de le message : « Il va falloir parler de ce silence ». Et en plus, je n’ai pas trouvé d’autre chanson du même nom.

Le thème parle explicitement d’un « état d’alerte », de « fin du monde », d' »être chez soi »… L’une des choses les plus impressionnantes est qu’il rappelle une époque dont personne ne veut plus se souvenir. Pensez-vous qu’il puisse s’agir d’un thème plus universel et intemporel qu’il n’y paraît malgré son caractère concret ?
Eh bien, il est difficile de répondre à cela. Je suppose que le temps nous le dira. En ce moment, c’est l’une des chansons dont on parle le plus sur l’album. Je crois que bien que le contexte soit spécifique, le message est universel et peut finir par transcender le scénario « pandémique ». Quoi qu’il en soit, j’aime l’idée d’avoir une chanson sur ce moment. Peu m’importe que les gens ne veuillent pas s’en souvenir, c’est arrivé et je pense que ceux d’entre nous qui travaillent dans le domaine de « l’artistique » n’ont pas à refléter uniquement ce que les gens veulent voir ou entendre.

La chanson passe de l’acoustique complète à la génération d’une petite tempête au milieu de la chanson, comment avez-vous travaillé la partie instrumentale au milieu ? Que vouliez-vous exprimer avec la production, dans ce sens ? Peut-être la « peur » de la fin du monde elle-même ?
Oui, il y a un changement dans le plan sonore. La chanson commence avec un son plus « low fi » et avec l’arrivée du refrain le son commence à s’ouvrir et la voix retrouve le premier plan et la présence du reste de l’album. De plus, cette transition sonore s’accompagne de l’entrée du piano et du reste de l’instrumentation. L’idée est de soutenir le message du « tôt ou tard nous allons nous retrouver ». Comme si en changeant le son on passait aussi d’une « Maria » plus introspective et solitaire à la « Maria » qui veut renouer avec l’autre et avec elle-même : lâcher ses armes. L’idée et la préparation de cette métamorphose sonore ont été l’œuvre de Joël Condal, le producteur du disque. À la fin de la chanson, si vous regardez attentivement, la chanson revient au son réaliste du début. Cette sensation plus réaliste est obtenue en enregistrant avec la tête binaurale Neumann.

Quant à ta prise vocale, c’est la plus belle, dans un ton aigu qui m’a rappelé hit bien connu de Minnie RappertonJe ne sais pas si c’est une référence pour vous.
Enfin pas vraiment, et la comparaison me surprend pour de bon. Sérieusement, je l’apprécie vraiment et c’est un honneur. J’aimerais avoir ces précieux aigus de Minnie Rapperton !



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