Marc Van Ranst opposé aux nouvelles règles contre la varicelle : « Comme si on ne pouvait rien faire contre le virus »


Les enfants atteints de la varicelle n’ont plus besoin d’attendre pour aller à l’école que leurs plaies soient complètement sèches. La directive à ce sujet a été modifiée. Mais selon le virologue Marc Van Ranst (KU Leuven), ce n’est pas intelligent. « Nous envoyons les enfants infectés à l’école. Je trouve ça étrange.

Yannick Verberckmoes

Jusqu’à présent, pour éviter les infections en classe, les parents devaient garder leurs enfants à la maison s’ils avaient la varicelle. Désormais, selon l’Association scientifique flamande pour la santé des jeunes, ils peuvent aller à l’école à moins qu’ils ne se sentent malades. Vous ne pensez pas que ce soit une bonne idée ?

«Non, je pense que ce n’est pas sage. Dans la plupart des autres pays que je connais, les règles stipulent que les enfants ne sont pas autorisés à aller à l’école tant que les croûtes n’ont pas séché. (Les Pays-Bas et la France auraient entre-temps adapté leur politique, YV). Il semble désormais que la varicelle soit un virus totalement inoffensif qui ne provoque pas de symptômes graves.»

Apparemment, les garder à la maison n’empêche pas toutes les infections ?

« Non, car par exemple, il y a déjà transmission du virus pendant la période d’incubation, lorsque les enfants ne présentent pas encore de symptômes. Mais cette période d’incubation s’étend souvent pendant le week-end ou pendant les vacances et il n’y a alors aucune transmission aux camarades de classe.

Quels sont exactement les risques de cette maladie ?

« Certains enfants y réagissent très fortement. Chaque année, quelques-uns finissent à l’hôpital et, très rarement, un enfant meurt de la varicelle. Si une femme contracte le virus pendant sa grossesse, cela peut être très dangereux. Chez les femmes enceintes, le virus peut provoquer une pneumonie grave, qui est la pathologie la plus courante, mais il existe également des risques pour le fœtus. Ils peuvent souffrir d’anomalies, voire en mourir.

« Supposons qu’un enfant à naître soit blessé au doigt, alors ce doigt a disparu. Il n’y a donc pas de quoi rire des risques. Il s’agit d’une maladie grave qui touche les adultes et les très jeunes enfants. Je l’ai eu moi-même quand j’avais dix-huit ans. Les blessures démangeaient comme l’enfer. J’avais aussi une forte fièvre. Les adultes en ont vraiment marre. »

Marc Van Ranst : « Nous envoyons les enfants infectés à l’école. Désolé, mais je pense que c’est étrange.ID de l’image/Nick Verhaeghe

L’argument en faveur d’un ajustement des lignes directrices est également qu’il est préférable que les enfants contractent le virus, car ils seront alors immunisés à vie.

« Désolé, mais je trouve cela fataliste. C’est comme si nous ne pouvions rien faire d’autre contre la propagation du virus. Il est vrai que de nombreux enfants l’ont déjà contracté à l’âge de cinq ans et pour beaucoup, la maladie n’a peut-être pas provoqué de symptômes très graves, mais c’est du pur laissez-faire.. On prétend maintenant que nous ne pouvons rien faire contre la propagation du virus.

« Les enfants ne doivent pas subir une telle infection. Ils peuvent parfaitement être vaccinés. Mon fils a également reçu un vaccin contre la varicelle. Je crois qu’une école est un endroit où les enfants ont la possibilité d’apprendre. Ce n’est pas un endroit pour tomber malade.

Les règles applicables aux garderies n’ont pas changé, car les complications surviennent principalement chez les jeunes enfants de moins de deux ans. Comprends-tu cela?

« La varicelle n’est amusante à aucun âge, je peux vous l’assurer. C’est une maladie infectieuse dans laquelle on peut parfaitement éviter les infections grâce aux vaccinations. Je ne vois pas l’intérêt d’envoyer des enfants à l’école où ils pourraient contaminer les autres. Je ne sais pas pourquoi je devrais être d’accord avec ça. D’ailleurs, je me demande ce qu’en pense Ben Weyts, le ministre de l’Éducation nationale (N-VA).»

Vous entend-on désormais plaider pour la vaccination obligatoire ?

« Non pas ça. Il est vrai que certains autres pays ont une telle obligation. Je dis simplement qu’il existe un vaccin et que les parents qui le souhaitent peuvent faire vacciner leurs enfants. Ce que nous faisons actuellement est tout le contraire de la vaccination obligatoire : nous envoyons les enfants infectés à l’école. Désolé, mais je trouve ça étrange.



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