Marc Didden : « Vous avez immédiatement fait taire chaque prairie, chaque palais ou stade sur votre chemin avec des chansons comme ‘Songbird' »

Chère Christine,

Une fois, nous avions rendez-vous. Mais tu ne t’es pas présenté. Laissez-moi vous expliquer : le 21 juin 1969, vous et votre orchestre de blues d’alors appelé Chicken Shack (« Het Kiekenkot ») deviez donner une représentation dans la mondaine Deurne.

Ce serait une fête, car moins d’une semaine plus tard, mes amis et moi serions débarrassés du lycée pour de bon. Bien que nageant en permanence au bord de la pauvreté, nous avions acheté des billets pour cela premier événement pop international qui se déroulerait dans le tout nouveau Arena Hall – autrefois conçu par Renaat Braem comme un temple du basket-ball, mais la musique était tolérée dès le départ.

J’y ai vu une fois briller ABBA et The Kinks, et presque toi. Dans le sens où vous avez été annoncé pour cet événement pop, mais ne vous êtes pas présenté. Dommage pour moi, car j’étais devenu un fan instantané depuis votre version vraiment sanglante de « I’d Rather Go Blind » d’Etta James. Dès le départ je n’ai eu aucun problème avec le phénomène du blues blanc, décrié par les connaisseurs. Ensuite, je n’étais pas un expert.

J’ai aussi eu un petit béguin pour toi parce que tu ressemblais à ce que je pensais qu’une femme devait regarder à l’époque. Mais surtout parce que ta voix m’a vraiment touché à travers la moelle et les os. Le manque de Chicken Shack n’a pas duré longtemps, car les organisateurs ont plus que compensé avec l’introduction de nouveaux groupes passionnants, tels que Yes, Colosseum ou The Nice. Ou pour l’amour de Dieu : Fleetwood Mac.

Ces derniers ont joué presque intégralement leur tout premier disque ainsi que toutes les personnes présentes. Y compris votre serviteur MD alors âgé de vingt ans, et peut-être vous-même, Christine. Je m’explique une fois de plus : à cette époque, un doute s’était fait jour quant à votre appartenance à Het Kiekenkot, et on parlait aussi d’une liaison élogieuse entre vous et John McVie, le bassiste de Fleetwood Mac, qui voyageait partout chez vous, peut-être aussi à Deurne. Il s’est même marié, de sorte que vous avez même abandonné votre nom de famille parfait Perfect et que vous portez le nom de Christine McVie pendant de nombreuses années, portant ce nom dans plusieurs des changements du groupe à partir du début des années 1970.

Christine Parfaite !

Le mot parle de lui-même. Le mot en p qui convient à la femme qui pourrait extraire une forme très acceptable de blues blanc de banlieue du blues noir, sans avoir à utiliser le mot en n une seule fois. Une musique pop qui se frottait tantôt au folk, tantôt à l’americana, qui pouvait parfois être féerique, mais parfois aussi ennuyeuse.

Même si on ne s’ennuyait jamais quand c’était ton tour, Christine. Pendant ces sets toujours bien trop longs de Fleetwood Mac (sauf pour cette première fois à Deurne !) que j’ai vécus sur les prés, dans les palaces, les stades de balle et Vorsten Nationaal, il attendait votre ‘You Make Lovin’ Fun’ ou certainement’ Don’t Stop’, mais surtout sur ‘Songbird’, qui a immédiatement fait taire chaque pré, palais ou stade sur votre chemin, et où quelques mots simples comme « Et les oiseaux chanteurs continuent de chanter / Comme s’ils connaissaient la partition » suffi faire pleurer un adulte.

Chère Christine, je ne sais pas ce que tu vas faire là-haut au paradis en ce dernier jour de cette trop longue année. Il y a peut-être un bar là-bas et Arno et Caroline Pauwels sont déjà là sur le Cécémel. Saluez-les de ma part. S’amuser. Et merci pour tout.

(« Hemelpost », basé sur une idée de HP/De Tijd)



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