Le rendement du BTp à dix ans a également augmenté hier dès 3,6% et les 241 points qui le séparent des obligations allemandes indiquent que la réaction des marchés à la chute du gouvernement Draghi est là. Mais plus que l’augmentation des dépenses d’intérêts, en partie déjà incorporée dans les programmes de finances publiques pour la part due au changement d’horizon de la politique monétaire, les inconnues produites par le court-circuit politique de ces derniers jours se concentrent sur l’espace des prochains mouvements de politique économique. Des espaces politiques dans le cas du décret Aid-bis, financés par l’afflux de recettes enregistré au premier semestre grâce à la bonne tenue de l’économie ; et des espaces politiques, techniques et financiers pour les interventions d’automne et la manœuvre de fin d’année, décidément moins illimitées que ce qu’il ressort de l’avalanche de promesses déjà entamée. Mais allons-y dans l’ordre.
Sur les intérêts, la Def d’avril calculait déjà en termes nominaux 30 milliards supplémentaires en trois ans (10,65 milliards en 2022) par rapport aux prévisions de la Nadef 2021, rédigées à la fin de l’ère des taux zéro. Bien sûr, en avril, le BTP à dix ans était légèrement supérieur à 2 %, et le programme des finances publiques prévoyait une hausse des rendements produite « par les annonces et les décisions de politique monétaire de la BCE en réponse aux pressions inflationnistes » (page 79 du Document ) et certainement pas de la montée du risque politique due à la fuite de la quasi-totalité des partis majoritaires du soutien au gouvernement dirigé par l’ancien président de la BCE.
Titres avec une durée de vie moyenne plus longue
Cependant, le travail du Trésor ces dernières années a levé une barrière aussi solide que possible contre le risque de taux d’intérêt, faite surtout par l’allongement de la durée de vie moyenne des titres. Dans le but de rendre l’effet de la fièvre sur les marchés le plus dilué possible dans le temps. Avec 100 points de rendement supplémentaires pendant quatre ans sur toute la courbe des échéances, ont calculé les techniciens du Trésor, les dépenses croissent de 0,13% du PIB la première année (un peu moins de deux milliards et demi) puis remontent à environ 11,5 milliards par an ( 0,53 % du PIB) à partir de la quatrième année. Des chiffres importants, probablement sous-estimés étant donné que les points de plus qu’en avril sont déjà à 150, qui évoluent pourtant sur un horizon temporel généralement hors radar d’une grande partie de la politique italienne.
Les perspectives pour l’automne : fort risque de gel
Les problèmes les plus immédiats sont plutôt produits par le calendrier de la crise, qui a plu au plus fort d’une reprise économique qui sera mesurée vendredi prochain par l’estimation préliminaire de l’Istat pour le deuxième trimestre mais devra ensuite faire face au fort risque de gel dans le l’automne. Cette dynamique permet la construction du nouveau décret d’Aide, attendu entre la fin de la semaine prochaine et le début de la prochaine dans un format qui sera probablement allégé des problèmes politiques plutôt que financiers. Mais cela complique drastiquement la vie de la manœuvre de fin d’année, qui malgré le bouillonnement de promesses déjà amorcé hier devra composer avec davantage d’ordres de contraintes.
Les estimations de croissance pour 2023 sont en forte baisse
Le premier est mathématicien. Le gouvernement avait estimé la croissance à 2,4% pour l’année prochaine, tandis que la commission européenne indique 0,9% (et hier Oxford Economics a publié une prévision d’environ 1%); un point et demi de croissance en moins, c’est 8 décimales de déficit en plus. Dans ce contexte, le gouvernement Draghi devra construire mi-septembre une note d’actualisation de la Def qui se limitera à mettre à jour les comptes à la législation en vigueur, à laisser aux successeurs qui sortiront des urnes. Le nouveau gouvernement aura besoin d’une prolongation par rapport aux délais ordinaires (15 octobre) pour envoyer son programme budgétaire à Bruxelles, à négocier dans quelques semaines dans un contexte de ralentissement économique. Le tout dans un contexte dominé par le riche éventail de conditionnalités qui lient l’activation du « bouclier anti-spread » décrit hier par la BCE à l’absence de déséquilibres macroéconomiques, au respect des critères budgétaires indiqués à Bruxelles, à la soutenabilité de la dette et à l’adoption de politiques conformément aux recommandations par pays.