Ils ont été traités comme des criminels : des jeunes gens de Drenthe qui ne voulaient pas se battre en Indonésie. Désormais, les comptes rendus judiciaires peuvent être consultés par tous dans les Archives de Drenthe.
Le début de la nouvelle année est toujours un moment spécial dans les Archives Drenthe à Assen. De nouveaux documents seront publiés lors de la Journée d’accès public, dont les restrictions ne seront plus publiques. Cette année aussi, il y a des pièces spéciales. Par exemple, les archives de la cour martiale du Nord.
Il s’agissait d’un tribunal militaire qui statuait depuis l’Asser Park Hotel sur les soldats stationnés dans le nord des Pays-Bas. Le Conseil de guerre avait un siège à Arnhem et plusieurs avant-postes, d’où le nom « sur le terrain ». Le 12 mars 1947, les juges d’Assen examinent 19 cas de jeunes hommes qui ne se sont jamais présentés à leur embarquement pour les Indes.
Dossiers sur le bateau
Leur division, la Division du 7 décembre, était partie le 1er septembre 1946. Les conscrits devaient contribuer à restaurer l’autorité néerlandaise dans la colonie. Il est vite devenu évident que de nombreux jeunes hommes ne voulaient pas combattre les Indonésiens.
Un problème qui n’avait pas été pris en compte. « Les dossiers du personnel étaient soigneusement emballés et emportés sur le bateau », explique l’archiviste Jos Arends. Il a donc fallu des mois avant que les objecteurs de conscience soient retrouvés chez eux par la Police Militaire Royale.
Le moral s’est dégradé
La désertion était considérée comme un problème majeur. «Cela a eu une grande influence sur le moral des garçons qui ont combattu aux Indes», explique Arends. « Et il a donc fallu prendre des mesures sévères contre cela. » Les jeunes hommes ont été transportés dans un campement après la visite de la Police Militaire Royale.
« Là-bas, ils faisaient surtout des choses amusantes. De plus, on a beaucoup parlé aux garçons. La plupart d’entre eux se rendirent ensuite aux Indes.
Contre l’oppression
Ce n’est pas le cas d’Albert Bruins de Mantinge, de Marinus Schultink de Hoogeveen, d’Albertus Bokhorst de Gasselte et de Jacob van Zanten de Roden. Ils ont continué à refuser. Les conscrits, tous nés en 1925, avaient diverses raisons de ne pas vouloir combattre aux Indes. Par exemple, Bruins et Bokhorst ont déclaré que leur mère « souffre de nervosité » ou « souffre de crises de nervosité ».
Mais Bruins, alors âgé de 22 ans, a également déclaré devant le juge militaire qu’« il ne veut pas se battre contre les Indonésiens qui se battent pour leur liberté ». Bokhorst (21 ans) ne pouvait pas non plus se résoudre à « opprimer les Indonésiens ».
Les objections ne sont jamais lues
En plus de ces objections morales, les jeunes conscrits ont donné toutes sortes de raisons pour lesquelles ils ne sont pas montés à bord du navire à destination de l’Indonésie, constate Arends dans les rapports. « Il y a des gars qui s’inquiètent pour leurs affaires, qui veulent se marier la semaine prochaine ou qui sont malades, faibles et nauséeux. »
En parcourant les archives, il a remarqué autre chose. Les motivations personnelles que les hommes expriment devant le tribunal pour refuser de servir ont été barrées à maintes reprises.
« Apparemment, les autorités n’ont pas pensé que ce serait une bonne idée que ces raisons soient lues à haute voix au tribunal ou qu’elles se retrouvent dans un article de journal », explique-t-il cette découverte remarquable. «Mais je ne peux pas le prouver. C’est aux historiens qu’il appartient d’enquêter.
Les criminels
Bruins, Schultink, Bokhorst et Van Zanten furent tous reconnus coupables de désertion par le tribunal militaire le 12 mars 1947. Le représentant du ministère public, avec un gentil mot de procureur militaire, n’a rien eu de bon à dire à ce sujet :
« Ceux qui ont refusé d’embarquer sont, de l’avis de l’officier-auditeur militaire, inutiles en tant que soldats. L’armée néerlandaise n’a pas peur d’eux. Cependant, ils doivent comprendre que s’ils refusent de partir, il y aura des conséquences qu’ils devront également accepter. Le procureur militaire a mis les réfractaires sur un pied d’égalité avec les criminels », a indiqué un article de journal.
La famille également punie
Les hommes devaient aller en prison aussi longtemps que leurs pairs servaient aux Indes. La norme était de trois ans. Dans son verdict, la cour martiale a une nouvelle fois souligné le caractère inacceptable de la désertion. « De nombreux côtés ont clairement expliqué quel était le but du déploiement des troupes hollandaises aux Indes, et en particulier que son but n’était certainement pas : l’oppression des Indonésiens. »
Les objecteurs de conscience eux-mêmes ne sont pas les seuls à devoir aller en prison. Leurs proches ont aussi parfois eu des ennuis parce qu’ils ont contribué à refuser le service aux Indes. Le journal parlait également en 1947 de mois de prison pour les proches des déserteurs.
Assistance du personnel des archives
L’archiviste Arends ne s’attend pas à un intérêt massif pour les quatre épais dossiers remplis de documents. Pourtant, selon lui, il est très important que les documents de la cour martiale soient désormais accessibles à tous. « D’un point de vue social, la désertion n’est pas facile », souligne-t-il. « Et la guerre est également difficile pour les habitants des Indes orientales. Beaucoup se sont sentis trahis.
L’intérêt et la reconnaissance prennent du temps, Arends le sait par expérience. De nombreuses archives chargées d’émotion sur la Seconde Guerre mondiale ont été ouvertes ces dernières années. De plus en plus d’enfants dont les parents étaient membres du NSB tentent de découvrir ce qui s’est passé. Ils peuvent bénéficier de l’aide du personnel des archives formé pour guider les visiteurs qui tombent sur des documents difficiles.
L’archiviste pense que ce sera également le cas pour les récits sur la guerre aux Indes orientales. « C’est bien que nous en parlions. »