Mais si Djokovic « gagnait » une place pour Turin, comment se présenterait-il en finale ?


Il reste encore deux places à pourvoir, alors que le Serbe est aux Maldives avec sa famille. Le bilan de sa saison n’est pas positif, mais son véritable moteur est la motivation

Lorenzo Topello

31 octobre 2024 (modifié à 19h21) -MILAN

De 2010 à aujourd’hui, les trois premiers qualifiés pour les Finales sur le circuit ATP appartiennent tous à un seul joueur. Ou Nolé Djokovic. En 2011, il a trouvé le pas mathématique à la mi-mai, au cours de la période de deux ans 2015-16, il a « même » dû attendre début juin : des temps lointains d’hégémonie en tête du classement. Non pas que le Serbe soit aujourd’hui en dessous de la 200ème place du classement, bien au contraire : sa sixième place à la Race avec 3910 points nous donnerait de l’espoir en vue des Finales qui débuteront le 10 novembre à Turin. Le fait est que Djokovic, en paroles et en actes, ne semble pas avoir encerclé cette date en rouge sur le calendrier : au point de s’offrir un voyage à l’autre bout du monde, aux Maldives, qui le projette dans une condition heureusement opposée à celle du reste des collègues. Tous en lice pour une place en finale, beaucoup s’auto-sabotant à cause de défaites inattendues au Masters 1000 de Bercy : des gens comme Tommy Paul (sorti avec Mannarino), Ruud et Rublev sortis au premier tour et les nerfs à vif ( surtout russe). Et Nole ? Plonger dans l’océan tout en jetant un regard distrait sur la Course.

FEU LENT

En 2024, le Serbe a disputé neuf tournois, plus les JO qui ne garantissent cependant pas de points ATP. L’or à Paris était son seul titre : un triomphe attendu toute une carrière pour compléter le Golden Slam, celui qui lui avait échappé en 2021 à Tokyo. En septembre, dans une interview après un match contre la Serbie, il révélait : « Je ne cours pas après la finale, je ne cours pas après le classement. Mes priorités sont de jouer pour mon équipe nationale et de faire de mon mieux en Chelem. A 37 ans, après avoir tout gagné, quelque chose a changé. J’ai toujours tout prévu six mois à l’avance, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. » Mais il n’aura pas sauté de joie en relisant les résultats du Grand Chelem de cette année : à l’Open d’Australie, il s’est incliné face à Sinner, celui qui a profité de son abandon à Roland-Garros pour devenir pour la première fois numéro un mondial. De retour en pleine forme pour Wimbledon, il retrouve sa sixième finale consécutive sur le gazon londonien où il se fait cependant mettre à terre par Alcaraz. Avec l’or olympique, il a adouci l’amer US Open, qui s’est terminé au troisième tour contre Popyrin. Des instantanés d’une année 2024 qui brûle lentement, à savourer dans les jours que Nole passe aux Maldives avec sa famille. Avec une inconnue : mais s’il devait figurer parmi les 8 meilleurs turinois, comment se présenterait-il en finale ?

FAIM

Un cannibale comme Djokovic fait toujours peur. Surtout quand il « coupe » ses heures de repos : l’année dernière, il a atterri à Malaga pour la Coupe Davis après ne s’être accordé même pas 24 heures de congé des efforts de la finale de l’ATP (remportée en finale contre Sinner). S’il le veut, il le peut, même s’il connaît les difficultés qu’il éprouverait à tenter de contrer les accélérations de Jannik et d’Alcaraz dont le niveau est désormais de plus en plus isolé par rapport à tous les poursuivants présents sur le circuit. Pourtant, il pourrait encore réussir son coup d’État. En fait, la différence pourrait être faite davantage par la motivation que par le physique : aux Jeux olympiques, sa soif d’or a été coupée au couteau, au point de s’imposer sur Alcaraz dans le dernier acte. Et puis Djokovic doit être craint malgré tout, surtout dans le cas des autres qualifications pour les Finales : avec Zverev, il a un compte à régler compte tenu des deux défaites en Finales 2018 (en finale) et 2021 (en demi-finale) , avec Medvedev, il a remporté les 5 derniers matches sur 6, ne laissant au Russe que la miette d’une demi-finale à Dubaï l’année dernière. Et la forme des autres prétendants à la finale, qui courent après les septième et huitième places (la cinquième appartient déjà à Taylor Fritz), n’aura pas fait sauter de peur le Serbe sur le transat au bord de l’océan.

COMME NALBANDIEN ?

Le dernier match joué par Djokovic était la finale pour la troisième place du Six Kings Slam, le 19 octobre dernier à Riyad contre Nadal. Mais ce n’était pas valable pour le classement, il faut donc remonter à la finale de Shanghai la semaine précédente : Sinner l’a battu en deux sets, une heure et 40 minutes. Nole a joué comme un lion dans le premier set, perdant seulement. au tie-break : puis il a desserré son emprise. À la fin de ce match, il a déclaré : « Du point de vue des résultats, ce fut l’une de mes pires saisons, mais tôt ou tard, le moment viendrait où je ne gagnerais pas les Grands Chelems et ne maintiendrais pas mon plus haut niveau. Nous allons maintenant voir quels seront les prochains défis. » Une, on peut en être sûr, lui trottera en tête même pendant ses journées à la plage : celle d’aller chercher le centième titre manqué à Shanghai, en trouvant peut-être la rédemption dans une finale contre Sinner. Qui sait, peut-être que Nole recevrait l’éventuel appel à Turin exactement dans les circonstances où cela est arrivé à l’Argentin Nalbandian, en 2005 : il venait de perdre à Bercy, il se préparait déjà pour les vacances considérant qu’il était impossible d’atteindre la finale. L’appel est arrivé alors qu’il fermait la porte de sa maison en direction de la Patagonie : le seul filet dont il voulait entendre parler était celui de la pêche. En quelques jours, il remporte le titre en finale contre Federer.





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