Mahmood: «Une chose est l’endroit où vous êtes né, une autre est la façon dont vous grandissez. Je me considère chanceux « 

Amour pour la musique

On voit chez Alessandro la nécessité de se concentrer sur un énorme succès, fruit d’une histoire, d’un travail formidable, mais avec des résultats hors du commun. A même pas 30 ans il est déjà deux fois vainqueur du Festival de Sanremo. Avec la chanson « Soldi », certifiée quadruple platine, il devient en 2019 le premier artiste à gagner à la fois dans la catégorie Jeune et dans la catégorie Grand la même année. Artiste de renommée internationale, mais aussi auteur avec des chansons pour Elodie (« Nero Bali », « Andromeda »), Marco Mengoni (« Hola – I say ») et bien d’autres. La fil rouge est l’amour de la musique. Sans barrières, sans clôtures, sans l’idée de vouloir faire passer des messages, mais plutôt de vouloir transmettre son amour pour une même musique. « Il n’y a pas de message unique que je souhaite transmettre. J’écris mes chansons en y mettant ce que je ressens, et une fois qu’elles sortent, elles deviennent celles de tout le monde. À ce moment-là, le message qui arrivera sera différent selon le sens que chacun de mes auditeurs y verra ».

Bien sûr, on dirait que remporter deux fois le Festival de Sanremo à 29 ans représente un unicum qui contient nécessairement un secret, une pierre philosophale. « Je ne pense pas qu’il y ait un vrai secret. Ma vie personnelle a toujours coïncidé avec ma vie musicale » répète Mahmood : « Je me laisse inspirer par tout ce que je vis et peut-être pour cette raison celui qui m’écoute se sent plus proche de moi. En plus de la créativité, il y a certainement deux choses fondamentales. Je pense au dévouement et à l’engagement ».

De Gratosoglio au succès mondial

Et il aura fallu beaucoup d’engagement et de dévouement à partir de Gratosoglio, une banlieue sud de Milan. Mais attention : Mahmood ne vit pas cette périphérie comme une mémoire à effacer. Au contraire. C’est son monde, il le considère aussi un peu comme sa force. On comprend à la façon dont il en parle et notamment à son raidissement lorsqu’on lui demande s’il a eu une enfance « même » heureuse. « Pourquoi » aussi « ? J’ai eu une enfance heureuse, une mère qui a fait de moi mon père et ma mère et une famille nombreuse, celle de ma mère, qui pour moi est synonyme de chaleur, de protection ».

Ce « aussi » dans la question était lié à la relation désormais tristement célèbre (après tout, c’est le thème sous-jacent de la chanson « Soldi ») avec son père, un Égyptien, qui est parti quand Alexandre avait 6 ans. Réparer la relation ? « Il n’y a pas encore eu de chance et ce n’est peut-être pas le moment », répond Mahmood. Mais il n’y a pas de colère dans les paroles d’Alexandre. De l’autre côté de l’échelle, c’est plutôt toute la chaleur des familles qui, surtout dans certaines parties de l’Italie, représente un caractère distinctif et inégalé. Sa mère Anna est sarde, originaire d’Orosei dans la province de Nuoro. Et sa famille est composée de 12 frères et sœurs. A 18 ans, elle quitte la Sardaigne pour Milan afin de travailler dans le bar de son frère à Buccinasco.

L’importance de la famille

Pour rassembler les chiffres de la famille de Mahmood, il y a au moins 100 cousins. Bref, une famille nombreuse dont, au final, on comprend qu’Alessandro accuse un peu l’éloignement même s’il avoue être « en contact ». Je parle souvent à beaucoup d’entre eux et en tout cas dès que je peux ». En tout cas, malgré l’absence de père, l’artiste parle d’une enfance heureuse « parce qu’une chose est comment et où l’on naît et une autre est la façon dont on grandit. Et je me considère chanceux ».



ttn-fr-11