Macron soutient la « voie » d’adhésion à l’Otan pour l’Ukraine


Emmanuel Macron, président de la France, a pour la première fois demandé que l’Ukraine se voie accorder une « voie » d’adhésion à l’OTAN lors d’un sommet critique sur l’avenir de l’alliance et sur la meilleure façon de défendre l’Europe contre l’agression russe.

La demande de longue date de l’Ukraine d’entrer dans l’alliance militaire dirigée par les États-Unis est considérée par Kiev et ses alliés comme un élément essentiel de l’avenir du pays après la guerre, mais le calendrier et les moyens d’y parvenir ont divisé les membres de l’OTAN.

Interrogé mercredi lors d’une conférence sur la sécurité à Bratislava s’il soutiendrait l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, Macron a déclaré que des discussions étaient en cours et se poursuivraient lors du sommet de l’alliance en Lituanie en juillet. Mais il a admis qu’il serait difficile de parvenir à un consensus sur l’adhésion à part entière, alors il a plutôt préconisé une nouvelle approche, potentiellement dans le sens de la façon dont les États-Unis soutiennent Israël avec des engagements pluriannuels pour fournir des armes et un soutien spécifiques.

L’Ukraine aura besoin de « garanties de sécurité fortes, concrètes et tangibles », donc ses alliés « devront construire quelque chose entre la sécurité apportée à Israël et une adhésion à part entière », a déclaré Macron. « Nous avons besoin de quelque chose de beaucoup plus substantiel et nous avons besoin d’un chemin vers l’adhésion. »

La Pologne a déjà émis l’idée d’étendre à Kiev des garanties de sécurité similaires à celles dont bénéficie Israël, mais la France ne s’est pas prononcée sur ce concept. En 2008, Paris et Berlin ont bloqué la tentative de Washington d’accorder à l’Ukraine un « plan d’action pour l’adhésion » – une feuille de route vers l’adhésion à l’OTAN – et ont plutôt convenu que Kiev rejoindrait à un moment donné dans le futur, sans calendrier concret.

L’apparition de Macron à la conférence Globsec en Slovaquie a été présentée par les responsables français comme un effort concerté pour tenter de briser la méfiance croissante entre les pays d’Europe centrale et orientale qui s’est aggravée depuis le début de la guerre en Ukraine l’année dernière.

Les dirigeants politiques et les analystes de la région en sont venus à considérer la France et Macron comme un allié peu fiable qui a sous-estimé la menace posée par la Russie de Vladimir Poutine. Certains n’ont pas oublié Macron qualifiant l’Otan de « mort cérébrale » en 2019, et se méfient des appels fréquents de Paris pour que l’Europe compte moins sur les États-Unis pour sa sécurité.

Macron a cherché mercredi à contrer ces critiques en déclarant qu’il ne devrait pas y avoir de division entre la «vieille Europe» et la «nouvelle Europe», mais une seule Europe avec une «histoire commune».

Son appel à une « voie vers » l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN représente également un changement de position pour la France, qui, aux côtés de l’Allemagne et des États-Unis, avait plus tôt cette année repoussé les demandes du Royaume-Uni, de la Pologne et d’autres membres d’Europe de l’Est d’offrir à l’Ukraine une forme d’une « voie » tangible vers l’adhésion lors du sommet de juillet.

Le changement apparent de position de Paris fait également suite à des signaux privés de responsables américains selon lesquels Washington modère sa position, ont déclaré des diplomates européens au Financial Times.

Alors que tous les alliés conviennent que l’adhésion n’est pas possible tant que la guerre est en cours, le Royaume-Uni et d’autres ont fait pression pour un langage plus ambitieux à Vilnius qu’une réaffirmation de l’affirmation de 2008 selon laquelle l’Ukraine « deviendra » un jour membre.

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a clairement indiqué aux dirigeants de l’Otan qu’il ne participerait pas au sommet de Vilnius sans garanties de sécurité concrètes et sans feuille de route pour l’adhésion, selon des personnes informées de ces conversations.

Marian Majer, secrétaire d’État slovaque à la Défense, a salué le virage de Macron : « Je pense que c’est un message positif car il confirme que la France comprend à quel point la situation est critique non seulement pour cette région mais pour l’ensemble de l’Europe ». La Slovaquie soutient l’adhésion à part entière de Kiev dès que possible.

Rosen Plevneliev, l’ancien président de la Bulgarie, a déclaré que l’arrêt de Macron au forum de Bratislava n’était pas suffisant pour dissiper le souvenir dans la région de celui-ci qualifiant l’OTAN de « mort cérébrale », bien que « la surprise positive de ce discours est que le mot qu’il l’Otan est probablement le plus utilisé maintenant ».

« Les gens ici dans la région sont très conscients du leadership franco-allemand parce qu’il a échoué », a déclaré Plevneliev, accusant le tandem de ne pas avoir tenu tête à la Russie lorsqu’elle a envahi la Géorgie et annexé la Crimée.

Après Bratislava, Macron devait se rendre en Moldavie pour la réunion de jeudi de la Communauté politique européenne, un forum que le président français a contribué à créer l’année dernière. Plus de 45 dirigeants européens de l’OTAN et de l’extérieur discuteront de l’Ukraine et de la manière de continuer à soutenir la défense de Kiev.



ttn-fr-56