Macron et Le Pen entament le sprint final du second tour des élections françaises


Le président Emmanuel Macron a lancé une chasse effrénée aux votes de la classe ouvrière dans toute la France pour tenter d’assurer la victoire sur sa rivale d’extrême droite renaissante Marine Le Pen lors du deuxième et dernier tour de l’élection présidentielle du 24 avril.

Macron s’est rendu lundi pour rencontrer les électeurs à Denain, une ville post-industrielle pauvre du nord de la France où Le Pen a obtenu un soutien considérable, et devait visiter mardi un autre bastion de son rival dans l’est de la France.

Le Pen a également relancé sa campagne lundi avec un voyage prévu dans le nord de la Bourgogne pour parler aux agriculteurs de l’inflation et des coûts élevés de leurs intrants.

Au premier tour dimanche, Macron et Le Pen se sont qualifiés pour le second tour – comme ils l’avaient fait lors des dernières élections en 2017 – avec respectivement 28% et 23% des voix.

Malgré son avance au premier tour, le président libéral fait face à ce que ses partisans disent être une course à la réélection très serrée, car beaucoup de ceux qui ont voté pour les 10 candidats éliminés penchent pour les politiques économiques protectionnistes de Le Pen et sa marque anti-immigration , nationalisme eurosceptique.

A Denain, plus d’un tiers des habitants éligibles n’ont pas voté du tout dimanche et parmi ceux qui l’ont fait, ils ont majoritairement voté pour Le Pen ou le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon.

Dans cette ville et sur le site de l’arrêt de campagne prévu par Macron mardi, les électeurs ont apprécié l’accent mis par Le Pen sur la hausse du coût de la vie, en particulier la hausse des prix du diesel et de l’essence depuis le début de la guerre en Ukraine.

© Yves Herman/Reuters

Macron cherchera à se débarrasser de son image d’élitiste déconnecté et soulignera les bénéfices pour les gens ordinaires de ses réformes économiques et de son plan pour le plein emploi, tout en pointant les failles du manifeste de Le Pen sur le protectionnisme replié sur lui-même et « régionalisme ».

Comme Le Pen, il a offert à ses anciens rivaux un rôle dans la gestion du pays dans le but urgent d’obtenir leurs votes au cours des deux prochaines semaines.

« Je suis prêt à inventer quelque chose de nouveau pour réunir diverses croyances et sensibilités pour construire avec elles un projet commun au service de notre nation dans les années à venir », a déclaré Macron à ses partisans dimanche soir.

Le Pen continue de dénoncer l’immigration et la criminalité mais a répété dimanche soir qu’elle voulait être « présidente de tous les Français ».

Richard Ferrand, qui dirige le parti de Macron à l’Assemblée nationale, a reconnu que le président devrait aller au-delà d’une attaque frontale contre les politiques de Le Pen ciblant les musulmans et les immigrés.

« Quand vous dites aux Français que l’extrême droite nous rappelle le bruit des bottines dans la rue, vous voyez que ça ne marche pas », a déclaré lundi Ferrand à la radio FranceInfo. « Nous devons donc aller plus loin et expliquer ce que nous proposons et exactement ce que propose Mme Le Pen. »

Bruno Cautrès, professeur de politique à Sciences Po, a déclaré que la campagne des deux prochaines semaines serait « très intense ». Macron aurait du mal à convaincre les électeurs de gauche de sa sincérité, et contrairement à 2017 – quand il était un nouveau venu politique du centre libéral – il fait maintenant face à un front « anti-Macron » tout comme son rival fait face au même « anti-Le Pen ». celui qui l’a privée de la victoire il y a cinq ans.

« Et si Macron gagne, ce ne sera pas la même victoire qu’en 2017. Ce sera beaucoup plus dur pour lui et sa campagne de réforme », a déclaré Cautrès. « Il doit répondre aux demandes de justice sociale. . . Il y aura de fortes tensions politiques.

© Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Même le soir des élections dimanche, des centaines de manifestants antifascistes et anticapitalistes ont dû être dispersés par la police après être descendus dans les rues de Rennes et de Lyon, rappelant certains des antigouvernementaux gilets jaunes (gilet jaune) manifestations qui ont tourmenté la première moitié de la présidence de Macron.

Les candidats perdants et les partis politiques, quant à eux, ont demandé de l’argent à leurs partisans. Valérie Pécresse, du parti conservateur Les Républicains, a obtenu un score inférieur au seuil de 5 % au-dessus duquel l’État rembourse les dépenses de campagne.

Elle a déclaré que le parti était dans une « situation critique » après avoir dépensé 7 millions d’euros qui ne seraient pas remboursés, alors qu’elle-même avait contracté une dette personnelle de 5 millions d’euros. « J’ai un besoin urgent de votre aide », a-t-elle déclaré lundi. « Il s’agit de la survie des Républicains et de la droite républicaine. »

Europe Ecologie-Les Verts, le parti écologiste français, a également déclaré qu’il était dans une situation financière critique après avoir dépensé environ 6 millions d’euros car son candidat Yannick Jadot n’a obtenu que 4,6%.



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