« Machine Gun » : le maître du free jazz Peter Brötzmann est mort


Peter Brötzmann, qui avec son style de jazz radical et imaginatif a considérablement changé les possibilités de jeu du genre sur le vieux continent, est décédé. Plusieurs médias l’ont rapporté vendredi 23 juin. Avec ses éclats extravagants de free-jazz, il a même inventé son propre verbe : « brötzen ». L’ancien président américain Bill Clinton, également saxophoniste passionné mais doté d’un talent moindre, l’a un jour qualifié de « l’un des plus grands ».

Né à Remscheid en 1941, Peter Brötzmann s’est d’abord initié à la clarinette. Après l’école, il a étudié l’art et a travaillé comme graphiste; il a été profondément influencé par le mouvement Fluxus. Il a également joué de la clarinette et du saxophone ténor dans divers groupes. Sa percée intervient au début des années 1960 avec ses albums « For Adolphe Sax » et surtout « Machine Gun ». « Machine Gun » remonte à un surnom que le perplexe Don Cherry lui a donné une fois pour son jeu de saxophone musclé et strident. Les deux disques ont été auto-publiés parce que Brötzmann voulait garder le contrôle sur son travail.

Auparavant, il a été inspiré par Miles Davis, John Coltrane et d’autres grands noms du jazz lors de leurs tournées en Allemagne. Brötzmann a formé un trio avec Peter Kowald et le batteur suédois Sven-Åke Johansson, a joué avec Carla Bley et Cecil Taylor et est toujours resté fidèle à l’idée : seul le changement apporte le progrès.

Le free jazz en réponse à un monde en feu

Brötzmann a rejeté les styles de jeu rythmiques et mélodiques habituels et s’est consacré au free jazz. Le musicien éminemment politique y voyait aussi un moyen de rompre avec l’héritage nationaliste de son pays et non seulement de faire du divertissement par l’art, mais aussi de laisser couler les crises du monde et ainsi les surmonter. Selon le saxophoniste une fois dans une interview, son free jazz n’est « pas nécessairement une musique avec laquelle on peut s’asseoir sur le canapé et s’amuser ».

Bien que Brötzmann n’ait pas ou n’ait pas voulu être à la hauteur de sa réputation de musicien sauvage avec ses morceaux, il a lancé des choses avec le supergroupe de jazz Last Exit dans les années 80 avec Sonny Sharrock, Ronald Shannon Jackson et Bill Laswell, qui punk et noise rocher traversé. Pendant ce temps, le saxophoniste erre entre les mondes, voyage aux USA et au Japon, fait partie de plusieurs trios et reste en même temps fidèle à son travail artistique de peintre et d’artiste d’objet.

Au cours de sa carrière, Peter Brötzmann a enregistré plus de 50 albums sous son nom. Il a conçu la plupart des couvertures lui-même.Son travail avec Derek Bailey et Keiji Haino a été salué par la critique et respecté par les fans pendant des décennies. Jusqu’à sa mort, Brötzmann était l’un des artistes les plus populaires (et parfois les plus redoutés) des festivals de jazz du monde entier.

Frans Schellekens Redferns



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