Luxe/Richemont : le propriétaire de Cartier brille malgré les perspectives moroses


Dans le luxe, voir c’est croire. Alors que doivent penser les investisseurs de Richemont de la prudence exprimée par le patron Johann Rupert lors des résultats semestriels du spécialiste de l’horlogerie et de la joaillerie vendredi ? Pas grand-chose, à en juger par le cours de l’action, qui a augmenté d’un dixième sur la journée.

Il n’est pas surprenant que les actionnaires aient négligé la perte nette. Cela résulte de l’échec de l’expérience avec le détaillant en ligne Yoox Net-a-Porter, qui a entraîné une dépréciation de 2,7 milliards d’euros après la vente d’YNAP. Ils étaient plus concentrés sur des ventes et des marges impressionnantes, qui ont largement dépassé les attentes. Les ventes de bijoux ont augmenté de près de 30 % d’une année sur l’autre.

Même avec le ralentissement du marché chinois verrouillé, les ventes mondiales de luxe cette année devraient augmenter de plus du double de la moyenne sur 20 ans de 6,5%, pense Flavio Cereda de Jefferies. Cela ralentira sans doute. Mais la croissance en 2023 pourrait atteindre 8 %, en supposant que la Chine commence à ouvrir ses portes cet été.

Néanmoins, Rupert a raison de mettre en garde contre les temps instables à venir. Il semble peu probable que le noyau des riches acheteurs de luxe soit durement touché. Mais ce sont les acheteurs marginaux plus jeunes et nouvellement acquis qui ont fourni une grande partie de la croissance récente. Ils sont plus exposés à la crise du coût de la vie.

Les valorisations du secteur ont été déclassées en conséquence. Ils ont diminué d’environ un tiers depuis l’été dernier. Richemont, qui se négocie désormais à 19 fois les bénéfices de 2023, a suivi cette tendance et est de retour en ligne avec sa cote d’avant la pandémie.

Mais les grandes marques ont pris des parts de marché importantes, se développant sur de nouveaux marchés et se consolidant. Dans la joaillerie, où Cartier est en tête, les ventes de Richemont au cours de la première année de la pandémie ont augmenté de moitié pour atteindre 11 milliards d’euros. Les estimations consensuelles des analystes pour l’année se terminant en mars prochain ajoutent 1,5 milliard d’euros supplémentaires à ce chiffre.

Les pertes d’YNAP tendront à souligner la prudence naturelle de Richemont. Pourtant, son bilan est solide. Il reste une opportunité reconnue de longue date pour renforcer sa présence sur le marché du luxe doux.

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