Lutte générationnelle musicale pour la transition climatique


La chanson d’ouverture de La fille verte, le nouveau spectacle de la créatrice de théâtre pour jeunes Marije Gubbels, met le public sur la mauvaise voie. Dans une extase presque religieuse, quatre personnages vêtus de blanc entonnent une chanson sur la beauté de la nature, son caractère cyclique, sa capacité d’auto-renouvellement. La piété fournit un début sentimental à ce qui s’avère être une comédie audacieuse.

Il s’agit donc au départ de chercher le ton juste, comme si les joueurs devaient secouer le sacré. Le conflit central entre la jeune fille Destiny, qui vient de perdre ses parents, et les oncles chez qui elle a emménagé, s’initie par un jeu archétypal : l’amoureuse de la nature Destiny (Lotte Pierik) est douce comme du beurre dans son jeu et dans son chant, comme une princesse Disney à l’ancienne, et son oncle Perry (Albert Klein Kranenburg) est un méchant tout aussi unidimensionnel, qui déteste les plantes et voudrait anéantir toute verdure. La prédilection de Gubbels pour les caricatures faciles à vivre atteint son paroxysme chez l’employeur allemand des oncles, qui à un moment donné frappe à la porte (« Aufmachen ! »).

alléchant

Heureusement, Destiny se transforme progressivement en un éco-guerrier de plus en plus coriace, et Lucas Schilperoord, dans le rôle de l’oncle Loek, parvient à fournir ses tentatives pour maintenir la paix avec un timing comique précis. De plus, les compositions surprenantes de Timo Tembuyser compensent cela : il mélange sans effort influences lyriques et chansons musicales.

Mais c’est l’intelligence des rebondissements qui La fille verte ça vaut vraiment le coup. Au fur et à mesure que l’histoire progresse, la lutte générationnelle autour de la transition climatique prend de plus en plus d’ampleur, et Gubbels aborde de manière ludique des sous-thèmes tels que l’écoblanchiment et le post- et transhumanisme. La radicalisation de Destiny est alléchante : ce n’est que lorsque nous osons laisser notre humanité derrière nous que nous voyons la solution.

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