L’Ukraine inscrit le gestionnaire de réseau gazier Fluxys sur la liste des « sponsors de guerre »

L’Ukraine a ajouté le gestionnaire de réseau gazier belge Fluxys à sa liste de « sponsors internationaux de la guerre ». En effet, Fluxys facilite le commerce russe de gaz naturel liquéfié (GNL) via le port de Zeebrugge, selon les organisations Bond Beter Leefmilieu, Greenpeace et Vredesactie. Fluxys affirme notamment qu’elle doit respecter ses contrats car il n’y a pas de sanctions contre le gaz russe.

Les autorités ukrainiennes disposent depuis longtemps d’une liste d’entreprises et de chefs d’entreprise qui, selon elles, soutiennent l’invasion russe de l’Ukraine. La liste comprend des sociétés telles que Mondelez, Nestlé, PepsiCo et Unilever. En les qualifiant de « sponsors de guerre », ils veulent nuire à la réputation des personnes impliquées. Il n’y a aucune conséquence juridique.

Sur le site des sanctions de l’Agence ukrainienne de lutte contre la corruption fait référence à un contrat de 20 ans que Fluxys a signé en 2015 (c’est-à-dire après l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie) avec la société russe Yamal LNG. « Fluxys fournit des capacités de stockage et de transbordement de Yamal LNG, pour lesquelles elle a construit un cinquième réservoir de stockage de 180 000 mètres cubes dans le terminal de Zeebrugge », précise-t-on.

Selon les autorités ukrainiennes, Zeebrugge sert de facto de plateforme logistique pour Yamal LNG. D’ici 2022, le terminal GNL de Zeebrugge aurait traité 72 pour cent de tout le GNL russe dans l’Union européenne, dont 93 pour cent étaient destinés à des pays hors UE. « D’autres pays de l’Union européenne importent également du GNL russe, mais aucun port n’en traite autant que Zeebrugge. »

Source de revenus russe

Yamal LNG est une filiale du géant gazier russe Novatek, qui fournit des mercenaires à l’armée russe, selon Bond Beter Leefmilieu, Greenpeace et Vredesactie. « Novatek est l’une des sources de revenus les plus importantes du Kremlin », affirment les Ukrainiens. « Selon des experts internationaux, la Russie recevra jusqu’à 800 millions d’euros de taxes sur le transbordement de GNL à Zeebrugge en 2023. » De cette manière, « Fluxys contribue au budget de l’agresseur (russe), avec lequel il peut financer des crimes de guerre contre la population ukrainienne ».

Le gestionnaire du réseau de gaz belge est détenu par les communes et le gouvernement fédéral. « La honte internationale n’affecte donc pas seulement l’entreprise, mais aussi directement nos gouvernements », déclare Mathieu Soete, responsable de la campagne transition énergétique chez Greenpeace Belgique, dans un communiqué.

Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu et Vredesactie demandent au gouvernement fédéral d’interdire le transbordement de GNL russe dans les ports belges, à l’instar des Pays-Bas et du Royaume-Uni. Ils s’attendent également à ce que les villes et communes mettent sur la table le retrait de Fluxys de l’accord russe lors de l’assemblée générale de Publigas (l’actionnaire majoritaire de Fluxys) le 14 décembre.

Réponse de Fluxys

Dans sa réponse, Fluxys indique que le terminal GNL de Zeebrugge fonctionne légalement selon le principe du libre accès. « Cela signifie que toute entreprise intéressée par la fourniture de gaz liquéfié peut réserver de la capacité au terminal. Aucun client ne peut donc être discriminé par la loi », affirme l’entreprise. Il a ajouté qu’il devait honorer le contrat avec Yamal LNG car il n’existe actuellement aucune sanction contre le gaz russe. « Si des sanctions entrent en vigueur, Fluxys fera bien entendu tout ce qui est nécessaire pour les respecter », a ajouté le gestionnaire du réseau de gaz.

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