L’UE doit nommer un envoyé des sanctions pour pousser à une application plus stricte de ses sanctions dans des pays comme la Turquie, alors que le bloc cherche à réprimer le contournement de ses mesures contre la Russie.
David O’Sullivan, ancien ambassadeur de l’UE aux États-Unis, a été invité à occuper le nouveau poste à partir de janvier, selon des personnes familières avec le processus, avec pour mission de diriger les efforts de la Commission européenne pour assurer une conformité totale dans le monde.
La commission devrait confirmer la nomination mardi, selon un haut responsable de l’UE. Cela survient alors que l’UE, les États-Unis et d’autres alliés se concentrent sur la fermeture des échappatoires dans leurs sanctions contre le régime du président russe Vladimir Poutine, après avoir imposé plusieurs séries de sanctions depuis l’invasion.
Les pays sur lesquels l’UE se concentre sont la Turquie, qui a refusé de suivre les sanctions de l’UE prises contre le Kremlin.
Les États-Unis et l’UE ont notamment fait pression pour qu’Ankara réprime les expéditions de marchandises interdites par les commerçants cherchant à contourner les contrôles stricts des exportations de produits industriels et de défense imposés à la Russie.
La commissaire aux services financiers, Mairead McGuinness, s’est rendue en Turquie en octobre dans le but de pousser le pays à faire davantage pour mettre le secteur privé en conformité avec les sanctions de l’UE. D’autres pays, dont la Serbie et les Émirats arabes unis, étaient également sous surveillance, a déclaré le haut responsable de l’UE.
L’impulsion intervient alors que l’UE débat des moyens de centraliser et de rationaliser son régime de sanctions, qui est devenu un outil de politique étrangère de plus en plus important. L’application est entre les mains de chaque État membre et de nouvelles sanctions ne peuvent entrer en vigueur qu’avec l’accord unanime des capitales de l’UE.
McGuinness a déclaré plus tôt cette année que les responsables envisageaient la création d’une version européenne de l’Office of Foreign Assets Control (Ofac), la puissante agence du Trésor américain qui a dirigé l’application de ses sanctions, alors que la commission faisait pression pour une mise en œuvre plus stricte et plus cohérente de la régime.
Le nouveau rôle de l’UE reflétera en partie celui du responsable américain de la coordination des sanctions, Jim O’Brien, dont le travail consiste à favoriser la collaboration avec les alliés américains sur les sanctions.
O’Sullivan est actuellement directeur du groupe de réflexion de l’Institut des affaires internationales et européennes. Il a précédemment travaillé comme ambassadeur de l’UE aux États-Unis de 2014 à 2019 et a auparavant occupé des postes de direction au sein de la commission, notamment celui de directeur général du commerce.
Il travaillera en tant que conseiller principal dans l’aile des services financiers de la commission, qui est supervisée par McGuinness, et se concentrera sur le régime de sanctions contre la Russie, a déclaré le haut responsable de l’UE.
La décision intervient alors que l’UE se prépare à faire adopter son neuvième ensemble de sanctions contre la Russie, qui comprendra des restrictions sur les investissements dans l’exploitation minière russe ainsi qu’une série de nouvelles sanctions pour les entreprises et les particuliers.
Les nouvelles mesures comprendront des contrôles à l’exportation sur les principaux produits chimiques, agents neurotoxiques, composants électroniques et informatiques qui pourraient être utilisés par l’armée russe. Ils chercheront également à interdire les exportations de moteurs de drones vers la Russie.