L’UE lance une enquête anti-subventions contre le constructeur ferroviaire chinois


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L’UE a lancé une enquête sans précédent contre un constructeur ferroviaire chinois qui aurait utilisé des subventions pour réduire les prix des fournisseurs européens.

Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a annoncé vendredi une enquête qui pourrait empêcher l’entreprise de remporter un contrat en Bulgarie. Il s’agit de la première affaire intentée par la Commission européenne dans le cadre de règles entrées en vigueur l’année dernière et destinées à empêcher les subventions étrangères de fausser le marché unique.

Le soumissionnaire favori pour un contrat estimé à 610 millions d’euros pour 20 trains électriques est CRRC Qingdao Sifang Locomotive, une filiale de CRRC, le plus grand constructeur ferroviaire au monde. Son offre est environ la moitié de celle de l’espagnol Talgo, Bruxelles affirmant que cela a été rendu possible par l’octroi de 1,75 milliards d’euros de subventions par Pékin.

La Bulgarie a confié le contrat à Bruxelles en vertu du règlement sur les subventions étrangères, entré en vigueur l’année dernière. La commission a jusqu’au 2 juillet pour se prononcer.

« Il est vital pour notre compétitivité et notre sécurité économique de veiller à ce que notre marché unique européen ne soit pas faussé par des subventions étrangères au détriment des entreprises compétitives et loyales », a déclaré Breton vendredi.

Il a déclaré que le nouveau règlement permet à Bruxelles d’enquêter sur les contributions financières accordées par des gouvernements tiers à des entreprises actives dans l’UE et de les priver de contrats.

« Le marché public européen, qui représente plus de 14 pour cent de notre PIB, est un outil économique puissant. C’est aussi un levier géopolitique important », a-t-il ajouté.

L’offre chinoise était inférieure de 46,7 pour cent au coût estimé par les chemins de fer bulgares et de 47,5 pour cent au prix proposé par le concurrent le plus proche.

Le contrat couvre la maintenance sur 15 ans ainsi que la formation du personnel.

Bruxelles contrôle depuis longtemps les subventions accordées par les États membres aux entreprises, mais pas celles accordées à leurs concurrents étrangers. Alors que les entreprises détenues par des fonds souverains au Moyen-Orient ou dans des États comme la Chine prennent des parts de marché dans l’UE, la Commission a décidé de combler cette lacune.

Elle peut également recourir à des mesures de défense commerciale traditionnelles, comme l’enquête antisubventions qu’elle a lancée l’année dernière sur les véhicules électriques chinois. Toutefois, ces procédures prennent plus de temps – jusqu’à neuf mois, contre 110 jours pour les dossiers de subventions étrangères – et peuvent être bloquées par les capitales de l’UE.

Pékin a riposté à l’enquête menée par la France sur les véhicules électriques en ouvrant sa propre enquête sur des allégations de dumping de brandy et de cognac.

Les responsables chinois, s’exprimant avant l’annonce de l’enquête sur la locomotive CRRC Qingdao Sifang, ont exprimé leur inquiétude quant au durcissement de l’UE sur le commerce avec la Chine, en particulier sur la question des subventions.

« La Chine craint que l’UE commence à suivre l’exemple des États-Unis en discriminant les produits et les investissements chinois », a déclaré un responsable qui a requis l’anonymat.

«La discrimination ne fera que nuire aux intérêts des entreprises européennes [in China] et pénalisera les consommateurs européens », a déclaré le responsable. « L’UE devrait fournir un environnement équitable, juste et non discriminatoire pour la coopération commerciale avec la Chine. »

Reportage supplémentaire de James Kynge à Londres



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