L’UE exhortée à réviser son régime de subventions agricoles de 387 milliards d’euros


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L’UE devrait entreprendre une refonte majeure de sa politique agricole commune, dotée de 387 milliards d’euros, pour subventionner les agriculteurs en fonction de leurs revenus plutôt que de la taille de leurs exploitations, selon un rapport commandé par Bruxelles en réponse aux violentes manifestations des agriculteurs.

Ces recommandations ont été présentées mercredi à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elles font suite à des consultations entre agriculteurs, ONG, consommateurs et distributeurs alimentaires qui ont abouti à trois séances marathon de négociations de jour et de nuit la semaine dernière, mettant en évidence des opinions profondément divisées sur l’avenir de l’agriculture.

« Le statu quo, qu’il s’agisse d’économie, de société ou d’environnement, n’est pas une option », affirme le rapport issu des Dialogues stratégiques sur l’avenir de l’agriculture de l’UE. « Une action audacieuse et rapide à tous les niveaux est nécessaire » pour faire face aux « multiples crises » qui touchent les agriculteurs, notamment les impacts accrus des conditions météorologiques extrêmes telles que la sécheresse, de l’inflation et des concurrents mondiaux à bas coûts.

Ursula von der Leyen a déclaré aux journalistes que les agriculteurs avaient jusque-là le sentiment d’être « micro-contrôlés ». Elle « étudiera attentivement les recommandations du rapport » et celles-ci alimenteront une « vision » de l’agriculture et de l’alimentation qui sera élaborée dans les 100 premiers jours de la nouvelle Commission européenne, qui devrait prendre ses fonctions plus tard cette année.

Les recommandations du rapport ne sont pas contraignantes. Ursula von der Leyen a toutefois souligné que l’idée d’un comité consultatif chargé de guider la politique agricole avait un potentiel particulier.

Parmi les autres propositions du rapport figurent des programmes visant à encourager les consommateurs à réduire leur consommation de viande, notamment par le biais d’incitations fiscales et d’étiquetage, et à aider les agriculteurs à abandonner l’élevage, y compris une suggestion controversée visant à introduire des programmes de rachat volontaire pour les exploitations situées dans des zones où l’élevage intensif est très présent.

La recommandation la plus importante est une refonte majeure du système de subventions de la PAC de l’UE, lancé pour la première fois en 1962 et qui consomme un tiers du budget pluriannuel du bloc.

Au lieu d’allouer un soutien direct aux agriculteurs en fonction de la quantité de terres qu’ils possèdent et de lier cela à des normes environnementales obligatoires, le rapport recommande que les subventions soient versées aux « agriculteurs actifs qui en ont le plus besoin » en fonction de leur « viabilité économique ».

Ces dialogues ont été annoncés par von der Leyen dans le cadre d’un appel à propositions adressé aux agriculteurs par son Parti populaire européen de centre-droit avant les élections européennes de juin, étant donné que les électeurs ruraux semblaient se tourner vers des groupes politiques plus marginaux.

Le rapport a été supervisé par le professeur allemand Peter Strohschneider, qui a présidé une consultation similaire en Allemagne en 2021.

Strohschneider a déclaré à propos de la recommandation du CAP que « l’argent public ne doit pas être dépensé pour ceux qui n’en ont pas besoin » et a défendu la suggestion du document selon laquelle la consommation de viande devrait être réduite en la comparant aux limitations de vitesse qui restreignent également les libertés individuelles.

Christel Delberghe, directrice générale de l’association du commerce de détail EuroCommerce, qui a participé à la rédaction du rapport, a déclaré : « La véritable caractéristique principale est un engagement en faveur du changement et de la [climate] « La transition est une réalité. Tout le monde – agriculteurs, détaillants, consommateurs – s’accorde à dire que les choses doivent changer. C’est en soi un changement de paradigme. »

Les groupes de défense de l’agriculture et de l’environnement ont également exprimé haut et fort leur soutien au rapport.

Marco Contiero, directeur de la politique agricole européenne chez Greenpeace, a déclaré que le processus avait nécessité un débat « sérieux et solide » basé sur des preuves scientifiques. « C’est clairement mieux qu’une série de déclarations populistes qui ne sont pas fondées sur la réalité. »

Les normes environnementales actuelles de la PAC ont été temporairement abandonnées par la Commission après les manifestations des agriculteurs tout au long du printemps de cette année, qui ont vu des pneus brûlés, des statues renversées devant le Parlement européen et du fumier répandu dans les rues des capitales de l’UE.

Des groupes de défense de l’environnement, dont ClientEarth et Birdlife, ont déposé une plainte auprès du Médiateur européen en juillet, affirmant que la suppression des normes environnementales avait été effectuée à « huis clos » et était « sans précédent et antidémocratique ».

Le rapport propose que les agriculteurs bénéficient d’incitations dans le cadre de la PAC pour verdir leurs pratiques, ainsi que d’un « Fonds de transition juste » hors budget de la PAC, dédié aux changements à plus long terme, comme la conversion des exploitations agricoles à des méthodes « régénératrices » ou biologiques. Il devrait également y avoir un programme de prêts pouvant atteindre 3 milliards d’euros de la Banque européenne d’investissement, qui donnerait la priorité aux jeunes agriculteurs.

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la production et la distribution de denrées alimentaires sont responsables de 21 à 37 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) selon les critères mesurés. Plus de la moitié de ces émissions proviennent de l’élevage.

Malgré cela, l’agriculture reste l’un des derniers secteurs de l’UE à ne pas avoir d’objectif global de réduction des émissions de gaz à effet de serre, alors que le bloc tente de réformer son économie pour atteindre zéro émission nette d’ici 2050.

Vidéo : Une taxe pour enrayer les problèmes liés à la viande | FT Food Revolution



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