L’UE en pourparlers sur le ciblage d’Abramovich lors de la dernière série de sanctions


L’UE prépare une nouvelle série de restrictions sur les hommes d’affaires russes, avec Roman Abramovich parmi les cibles visées, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par Moscou.

Les ambassadeurs des États membres de l’UE se sont réunis à Bruxelles dimanche pour passer en revue la liste proposée, Abramovich étant l’une des 15 personnes envisagées, selon un projet de texte juridique consulté par le Financial Times. Les ambassadeurs devraient se réunir à nouveau lundi pour finaliser les mesures et les convertir en loi, en supposant qu’aucune modification n’est demandée.

Les délibérations à Bruxelles interviennent après qu’Abramovich, un éminent homme d’affaires russe qui s’est fait connaître au Royaume-Uni après avoir acheté le club de football de Premier League Chelsea, a été sanctionné pour la première fois par un gel complet des avoirs et une interdiction de voyager par le Royaume-Uni jeudi dernier. En plus de sa nationalité russe, Abramovich détient également la nationalité portugaise et israélienne.

Abramovich doit être répertorié dans l’UE en raison de ses liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine et pour être une source de revenus considérable pour le gouvernement russe, selon le projet de texte juridique.

Sur les 15 personnes répertoriées, quatre sont décrites comme des oligarques, dont Abramovich, sept comme des hommes d’affaires ayant des liens avec le Kremlin et quatre sont liées à la campagne de désinformation de la Russie.

Le texte final devrait être adopté lundi, sans aucune objection soulevée par les ambassadeurs dimanche aux 15 noms. Un porte-parole de la Commission européenne s’est refusé à tout commentaire.

D’autres sanctions économiques sont également à l’étude contre des entreprises publiques russes qui n’ont pas encore été inscrites sur la liste, par exemple dans le domaine de l’aviation et de la construction navale. Une interdiction de notation visant les banques russes, une interdiction d’importer des produits sidérurgiques russes et une interdiction de nouveaux investissements dans le secteur énergétique russe et l’exportation de produits de luxe vers la Russie sont également envisagées, selon deux diplomates au fait des discussions. L’un des problèmes qui doivent encore être résolus par les ambassadeurs réunis lundi est le montant limite pour les produits de luxe – 300 euros proposés dans l’UE contre 1 000 dollars sous le régime américain, a déclaré un diplomate.

L’UE a déjà sanctionné un certain nombre d’oligarques considérés comme faisant partie du cercle restreint de Poutine. Parmi eux figurent Mikhail Fridman, le fondateur du groupe Alfa, et son co-actionnaire Petr Aven ; Igor Sechin et Nikolai Tokarev, les PDG des compagnies pétrolières Rosneft et Transneft ; Mikhail Poluboyarinov, directeur général de la compagnie aérienne russe Aeroflot ; et le financier Alisher Usmanov.

Emmanuel Macron, le président français, a souligné à l’issue d’un sommet à Versailles vendredi que l’UE était prête à aller au-delà des sanctions qu’elle a déjà infligées à la Russie. À ses côtés, Ursula von der Leyen, la présidente de la commission, a déclaré que Bruxelles travaillait déjà sur un quatrième paquet de sanctions.

Abramovich, qui a fait fortune après l’effondrement tumultueux de l’Union soviétique dans les années 1990 lorsque la Russie a privatisé son industrie pétrolière, a mis en vente ces dernières semaines des propriétés à Kensington et Chelsea. Se référant à des estimations, le Royaume-Uni a déclaré que le magnat valait 9,4 milliards de livres sterling. Le gouvernement britannique a déclaré vendredi qu’il assouplirait certaines restrictions imposées à Chelsea pour libérer de l’argent lui permettant de continuer à fonctionner.

Plus tôt dans la guerre, Abramovich s’est rendu en Biélorussie pour aider à négocier une trêve entre la Russie et l’Ukraine. Cette décision intervient après que le Royaume-Uni l’a décrit la semaine dernière comme un « oligarque pro-Kremlin » et lui a imposé des sanctions, parmi sept oligarques.



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