L’OTAN passe à 300 000 soldats rapidement déployables : « La plus grande révision depuis la guerre froide »


La Force de réaction rapide (NRF) actuelle est composée d’unités nationales (sur terre, en mer et dans les airs) des États membres, qui, ensemble, peuvent mobiliser 40 000 hommes. Le fait que le nombre de troupes rapidement déployables sera multiplié par plus de sept aura des conséquences majeures pour les États membres. De nombreuses unités nationales ont un temps de réaction plus long ou sont engagées dans d’autres tâches.

Stoltenberg a pris son engagement à l’approche du sommet de l’Otan à Madrid, qui débute mardi soir par un dîner des chefs de gouvernement. C’est, avec le renforcement de la présence de l’OTAN le long du flanc oriental annoncé lors du sommet, l’une des réponses à l’agression russe en Ukraine et à d’autres menaces dans ce que Stoltenberg appelle « une ère de rivalité stratégique ».

Le secrétaire général Jens Stoltenberg lors de sa conférence de presse de lundi.ImageAFP

Défense avancée

L’OTAN sera plus présente, notamment en Pologne et dans les pays baltes vulnérables sur le plan militaire : la fonction principalement symbolique de « fil déclencheur » des unités multinationales qui y sont actives depuis 2014 se transforme en une défense avancée avec plus de soldats et aussi plus d’équipements et de fournitures sont disponibles dans ces pays.

L’intention est que les unités des pays de l’OTAN se voient attribuer des secteurs spécifiques où elles seront déployées dans un conflit. Cela comprend une brigade multinationale (de 3 000 à 5 000 militaires) dans chacun des pays baltes et en Pologne. Mais ces soldats ne sont pas stationnés en permanence le long du flanc oriental de l’alliance, comme le souhaitaient les Baltes. Le « modèle dépliable » est un compromis qui, selon les experts de l’OTAN, préserve suffisamment de flexibilité pour déployer des unités là où elles sont nécessaires. Par exemple, selon ce modèle, l’Allemagne augmentera considérablement sa contribution en Lituanie.

Interrogé sur les menaces russes contre la Lituanie (qui n’autorise pas le passage des marchandises soumises aux sanctions de l’UE vers l’enclave russe de Kaliningrad), Stoltenberg a rappelé les renforts déjà envoyés sur le territoire oriental de l’Otan. « Une dissuasion crédible n’est pas là pour provoquer, mais pour prévenir les conflits. » Selon Stoltenberg, le président russe Poutine comprend les implications d’une attaque contre un État membre de l’OTAN. Il a déclaré que la Lituanie appliquait les sanctions de l’UE qui sont également soutenues par l’OTAN.

Consultation avec Erdogan

Le chef de l’Otan a également annoncé que les présidents Erdogan (Turquie), Sauli Niinistö (Finlande) et Magdalena Andersson (Suède) ont accepté son invitation à se rencontrer mardi à Madrid avant le début officiel du sommet.

La réunion est l’aboutissement d’une diplomatie de crise intense ces derniers jours et semaines entre les parties concernées, Stoltenberg et d’autres pays de l’OTAN. Ces derniers tiennent à lever au plus vite le blocus turc sur l’adhésion finlandaise et suédoise, de préférence avant le sommet. Cela augmenterait le message d’unité envers Poutine.

Stoltenberg n’a pas pu dire lundi si ces efforts diplomatiques seront couronnés de succès lors du sommet. « Je ne peux rien promettre. Mais l’objectif des consultations de demain est, bien sûr, d’avancer. Nous avons travaillé dur pour nous assurer qu’ils arrivent le plus tôt possible. Leur demande d’adhésion est historique et renforcera la sécurité de la zone euro-atlantique.

L’OTAN a également publié lundi ses derniers chiffres sur les dépenses de défense. Celles-ci montrent soudainement une forte augmentation dans de nombreux pays (pas tous : la Belgique fait partie des exceptions). Neuf alliés sont déjà au niveau de 2 % du revenu national convenu en 2014, tandis que dix-neuf autres pays atteindront ce niveau d’ici 2024, selon Stoltenberg.



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