Live Nation est un gorille qu’il faut arrêter

Dimitri Thijskens est journaliste.

Dimitri Thijskens

Un gorille de 500 kilos : c’est à cela que le promoteur de concerts Live Nation a été comparé au Congrès américain. Il y a peu d’arguments contre cela. Dans l’industrie de la musique live, l’entreprise a pris une position tellement dominante que c’est malsain et qu’il est difficile de ne pas parler de monopole. Non seulement il contrôle une part importante du marché de la billetterie, mais il est également l’organisateur de dizaines de milliers de festivals dans le monde, le promoteur de milliers d’artistes et exploite des centaines de salles de concert dans le monde.

Le problème est que Live Nation abuse de plus en plus de cette position dominante. Ce n’est pas pour rien que la justice américaine enquête actuellement sur des pratiques dans lesquelles elle a fait pression sur certains artistes et promoteurs de concerts pour faire affaire avec eux, alors que cela était expressément interdit. Ou presque interdit à certaines entreprises de travailler avec un organisateur de concerts concurrent. Scorpio, la société néerlandaise à l’origine de Best Kept Secret qui organisait Live is Live à Zeebrugge, a également soulevé la question dans notre pays.

Cette position dominante s’accompagne désormais également d’un service médiocre. Regardez les ventes de billets floppées de Taylor Swift aux États-Unis ou l’expérience des prix dynamiques des billets qui a été utilisée pour la première fois en Belgique pour le concert de Beyoncé, soi-disant pour contrer les prix exorbitants du marché de l’occasion. Tout cela aboutit à ce que l’argent disparaisse simplement dans les poches de Live Nation. Ce sont les artistes eux-mêmes qui déterminent la stratégie de billetterie, soutient Live Nation. Le démocrate américain Richard Blumenthal a fait une suggestion amicale à Live Nation : « Je pense que vous devriez vous regarder dans le miroir et dire : Je suis le problème, c’est moi.” Avec un clin d’œil à la chanson « Anti-Hero » de Taylor Swift.

Les monopoles ne sont jamais bons car ils entravent l’innovation et ne sont en réalité que positifs pour le monopoleur et les investisseurs. C’est aussi le cas ici. Live Nation a clôturé le troisième trimestre 2022 avec un bénéfice de 580 millions d’euros : tout est dit. Les victimes sont la grande majorité des artistes, qui doivent rejoindre l’histoire de Live Nation car sinon ils n’iront nulle part et doivent accepter qu’il ne leur reste presque plus rien de la vente de leurs billets. Mais aussi les fans, qui sont confrontés à des prix de billets toujours plus élevés et à un service de plus en plus médiocre. L’emprise de Live Nation sur l’industrie de la musique live doit être relâchée.

La solution pourrait bien venir des États-Unis, où l’on demande de plus en plus à Live Nation de céder Ticketmaster. Cela semble être le meilleur scénario. Cela créera plus d’espace pour la concurrence, ce qui pourrait faire souffler un vent nouveau sur le secteur. Mais tout n’est pas encore certain. La commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager devra peut-être s’y mettre, comme elle l’a fait avec Google et Microsoft auparavant. Cela ne peut que profiter au secteur de la musique.



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