Lisette est la première Néerlandaise à recevoir le titre le plus élevé : "La capoeira me rend fort"

Lisette Spaargaren (47 ans) de Haarlem souffre presque toujours. Mais quand elle chante, danse ou se bat, cela disparaît. Alors elle se sent forte. Physiquement et mentalement. Pour Lisette, la capoeira, art martial brésilien, est bien plus qu’un simple sport. Le week-end dernier, elle a été la première Néerlandaise à recevoir la plus haute distinction en capoeira.

Photo: La patronne Omara (à droite) et Lisette lors de la cérémonie. -Danijel Djordovic

Un jour après son week-end passionnant, Lisette, propriétaire de l’école de capoeira Semente, est assise avec contentement dans sa maison du Rozenprieel. Avec sa patronne brésilienne Omara Silvia da Conceicão Santos devant elle. Lisette s’est vu remettre le cordon blanc par elle lors de la cérémonie. « Exactement vingt ans après la création de mon école, je m’aime bien mestre, ce qui signifie maître. Un grand honneur », a déclaré le capoeiriste.

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Photo: Lisette : « J’ai joué avec différents professeurs pendant plus d’une heure. » -Danijel Djordovic

Même si elle a à peine dormi pendant trois nuits, elle se sent bien. «Pendant plus d’une heure, j’ai joué avec plus d’une vingtaine de professeurs différents. La force et l’énergie libérées me permettent de continuer avec peu de sommeil.

Selon Lisette, c’est aussi ça la particularité de la capoeira. « Dans ce sport, tout est réuni. La danse, les arts martiaux, la musique, l’histoire et donc beaucoup d’énergie. Dans un cercle de musiciens et de chanteurs, un duo échange des techniques d’attaque et de défense face à face, sans se toucher.

« Ils étaient traités comme des animaux. Grâce à la capoeira, ils pouvaient aussi exprimer leurs sentiments »

Lisette Spaargaren

Lorsque Lisette doit expliquer ce qu’est réellement la capoeira, elle préfère le faire sous l’angle de l’histoire. Elle explique par exemple comment ce sport était pratiqué par les esclaves au Brésil. « Pour eux, c’était une manière de se libérer. Physiquement, émotionnellement et spirituellement. Leur humanité leur avait été retirée. Ils étaient traités comme des animaux. La capoeira était une manifestation culturelle qu’il fallait aussi camoufler. Des arts martiaux à la danse, en passant par l’esquive. Devenir plus fort en attendant. Cet art martial leur permettait aussi d’exprimer leurs sentiments.

Tout en un

Lorsque la native de Haarlem part pour l’Angleterre en 1999 et entre en contact avec la capoeira, elle ne pouvait pas rêver que ce sport dominerait autant sa vie. Oui, elle avait fait de la gymnastique, de la danse et du Kung Fu, mais elle n’avait jamais pensé au fait qu’il existait quelque chose qui combinait ces trois sports. Après la première leçon d’essai en Angleterre, elle fut vendue. « La Capoeira est tout en un. Et beaucoup plus. »

« Elle m’a rappelé un dauphin »

Patronne Omara

Elle sentait dans tout qu’elle avait toujours envie de bouger comme ça. Après des études de théâtre et de gestion d’entreprise, Lisette décide de partir au Brésil. À Salvador de Bahia, entre autres. L’endroit où la capoeira a commencé et où elle a rencontré Mestra Omara pour la première fois. Il se souvient encore bien de ce moment : « Je l’ai vue nager dans la mer. Tellement curieuse de tout ce qui l’entoure, désireuse d’apprendre et tellement d’énergie vitale. Elle m’a rappelé un dauphin.

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Photo: La capoeira est si grande. Physiquement, émotionnellement, spirituellement. -Danijel Djordovic

Lisette s’est formée au Brésil pendant deux ans et a appris le portugais, puis a décidé de retourner dans la ville de Spaarne. Pour y ouvrir sa propre école, Semente, en 2003 graine signifie, mettre en place. « Car d’une graine tout germe. » Elle rapproche ses mains et les déplace doucement en forme de V pour illustrer ses mots.

« À cause de mes jambes cassées, je ne pouvais plus me tenir debout »

Lisette Spaargaren

Elle-même est la preuve vivante de tout ce qui peut survenir. Selon sa patronne, avec qui elle est en contact chaque semaine, Lisette mérite comme aucune autre le titre le plus élevé. « Vingt ans après avoir commencé l’école, elle a prouvé sa valeur. Elle a de la passion, de la persévérance et a surmonté tant de limites au niveau physique et mental. Après vingt ans, c’était le bon moment.

Par ces limites, Omara fait référence à l’accident de moto qu’a eu Lisette en 2008. Elle s’est cassé le dos, le péroné et le tibia gauches et s’est fracassé le talon droit. Elle s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. « J’ai dû récupérer dans un service pour personnes atteintes de lésions médullaires. Des gens qui savent qu’ils ne pourront plus jamais marcher. C’était terrible.

Debout sur les mains

Au début, les médecins ne savaient pas si elle marcherait à nouveau un jour. Cela n’est devenu clair qu’après une opération. Au total, elle a subi cinq opérations et s’est entraînée du mieux qu’elle a pu. «J’avais de fortes douleurs dans le dos. Pour soulager ce fardeau, il vaudrait mieux rester debout, mais je ne pouvais pas le faire à cause de mes jambes cassées. Mais grâce à la capoeira, elle a pu se tenir debout sur la tête et sur les mains. C’est ainsi qu’elle récupérait régulièrement debout sur ses mains.

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Photo: Lisette peut désormais s’appeler mestra, maître. -Danijel Djordovic

La capoeira a littéralement tenu Lisette debout. « La capoeira me donne des outils pour continuer. Comme dans l’esclavage, où ils ont pu résister par des mouvements dans les situations les plus difficiles.» Cela rend supportable la douleur chronique avec laquelle elle vit chaque jour depuis l’accident.

Chanter, danser, se battre et faire de la musique ; Lisette a fait de la capoeira l’œuvre de sa vie. Elle appelle cela une stratégie. « Un sage maître appelait la capoeira « la danse des combattants et le combat des danseurs ». La capoeira est si grande, elle a tellement d’aspects, tellement de niveaux. Physique, mental, émotionnel, spirituel. Même en tant que mestra, je n’en suis qu’au début.



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