L’Iowa prédit rarement un vainqueur, mais Trump pourrait être l’exception


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Il y a deux manières d’interpréter la course à la victoire de Donald Trump dans l’Iowa. La première, vers laquelle je penche, est la confirmation que l’ancien président possède le parti républicain comme aucun personnage ne l’a fait auparavant. Mais nous le savons depuis des années. Il semble que sa nomination pour 2024 soit bouclée.

La deuxième interprétation, qui ne peut être écartée, est que l’Iowa est un État bizarre qui ne présage rien. L’État du Midwest est systématiquement incapable de prédire ce qui se passera lors d’autres primaires. Un rapide coup d’œil à l’histoire nous montre pourquoi : l’éventuel candidat de l’un ou l’autre parti n’a été identifié que six fois en près de 50 ans.

La dernière fois que l’Iowa a choisi le vainqueur républicain, c’était au tournant du millénaire. Pour les Républicains les plus récents, la victoire dans les caucus de l’État est un meilleur indicateur d’une carrière à la télévision par câble. En 2012, il s’agissait de l’ancien sénateur de Pennsylvanie, Rick Santorum, et en 2008, du gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee. Ted Cruz, vainqueur en 2016, reste sénateur américain mais participe également fréquemment à Fox News.

Ces trois noms étaient des attraits naturels pour le fort vote chrétien évangélique de l’État. Leurs résultats ont été bien moins bons la semaine suivante dans le New Hampshire, où la religion joue un rôle bien moindre.

Leur exemple est une mauvaise nouvelle pour le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, le seul candidat à s’être rendu dans 99 comtés mais qui a terminé loin deuxième lundi avec seulement un cinquième des voix. Non seulement il était le candidat naturel de l’électeur soi-disant fondé sur les valeurs de l’État, mais il a également jeté l’évier de sa campagne sur l’État. DeSantis pouvait difficilement s’attendre à faire mieux dans le New Hampshire. Sa sortie rapide du terrain ne serait pas un choc.

Ce fut une soirée moins mauvaise pour Nikki Haley car sa campagne n’a jamais parié sur la victoire dans l’Iowa. Son gros test aura lieu dans le New Hampshire, où elle a placé la plupart de ses jetons. Si Haley ne réussit pas au moins une bonne seconde derrière Trump là-bas, sa percée prévue en Caroline du Sud le mois suivant pourrait s’avérer baigneuse.

Un test intéressant de ses attentes est de savoir si elle enlèvera enfin les gants proverbiaux dans les prochains jours et s’attaquera directement à Trump. Dans son discours devant ses partisans lundi soir, elle a montré des signes qu’elle était prête à s’en prendre au 45e président américain. Mais si elle persiste dans une approche de faiblesse, ce serait le signe qu’elle garde ses options ouvertes pour devenir la colistière de Trump.

Ayant grandi dans la seule famille d’immigrés d’une ville de Caroline du Sud, Haley est dure et capable de faire de la politique à mains nues. Pourtant, elle évite régulièrement les occasions d’attaquer le caractère de Trump. Son refus, en réponse à une question récente, de dire que la guerre civile américaine avait été menée à cause de l’esclavage en disait long sur sa peur d’offenser les Républicains Maga.

Si Trump a eu des inconvénients lundi soir, c’est bien la participation relativement faible. Avec sa base essentiellement rurale et un facteur de refroidissement éolien de moins 30°C, l’absence d’enthousiasme n’est peut-être pas surprenante. Mais cela suggère qu’il y a des limites au dévouement sectaire de ses fans.

Pourtant, sa marge de victoire était sans précédent. Ici, les deux interprétations aboutissent à la même réponse. Trump a remporté les caucus avec environ 30 points de pourcentage. La plus grande marge de victoire précédente était celle de 11 points de pourcentage de George W. Bush en 2000. Que l’Iowa soit prédictif ou non, Trump semble toujours prêt à balayer la table. La seule question est de savoir si le fait que Haley ait montré ses dents lundi soir est un signe qu’elle a finalement décidé de s’attaquer à sa jugulaire.



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