Beaucoup espèrent sans aucun doute que les guerres en Ukraine et à Gaza prendront fin en 2024. Je n’ai pas de recette pour l’Ukraine, à part le roman de guerre La vie et le destin (1959) de l’écrivain russe Vasili Grossman. Mais dans cette épopée, l’armée de Staline est en train de gagner. Et personne en Occident n’a besoin de cela, maintenant que son successeur Vladimir Poutine semble bénéficier du manque d’aide militaire occidentale à l’Ukraine, et que ce pays pourrait se diriger vers la défaite. Mais pour Israël et Gaza, il existe un remède que tous les Israéliens et Palestiniens devraient lire pour se libérer de leur haine mutuelle : le roman Le tunnel de l’écrivain et militant pacifiste israélien AB Yehoshua (1936-2022).
Le tunnel (2018) raconte l’histoire de Zvi Luria, un ingénieur à la retraite du ministère israélien de la Construction routière, qui souffre de démence. Par hasard, il entre en contact avec un enseignant palestinien d’un village qui se cache avec son fils et sa fille dans une vieille ruine sur une colline du Néguev. Les trois ont fui la Cisjordanie après que le père ait vendu un terrain qu’il ne possédait pas à des colons juifs parce qu’il avait un besoin urgent d’argent pour la transplantation cardiaque de sa femme. Par peur de la vengeance de ses concitoyens du village, il ne peut plus rentrer chez lui. En conséquence, il a perdu son identité et se trouve également illégalement en Israël.
Zvi est impliqué dans la construction d’une route militaire secrète à travers le Néguev par l’intermédiaire d’un ex-collègue plus jeune, Asaël Maimoni. Il doit également traverser cette colline, mais c’est là que se cachent les trois Palestiniens. Zvi veut maintenant épargner cette colline et laisser la route passer en dessous. Pour y parvenir, un tunnel doit être construit. Et les tunnels sont la spécialité de Zvi, qui se lie d’amitié avec les trois Palestiniens et surtout avec la fille.
Dans le roman de Yehoshua, cela conduit à un traité littéraire sur le sens de l’identité. Et surtout comment s’en débarrasser. Ce n’est qu’à ce moment-là que le passé traumatisant de vos ancêtres ne pourra plus être utilisé pour faire chanter votre adversaire, comme le fait Israël avec l’Holocauste, selon Yehoshua.
Aux yeux de l’écrivain, l’identité est devenue une malédiction qui fait obstacle à la réconciliation entre Israéliens et Palestiniens. Alors que cette réconciliation était tout à fait possible avant le 7 octobre 2023. On en a la preuve dans tous ses romans, dans lesquels Juifs et Arabes s’entendent bien. Ce n’est pas sans raison qu’à la fin de sa vie Yehoshua s’est prononcé en faveur d’une solution à un seul État. Selon lui, c’est la seule façon de mettre fin à la violence en Cisjordanie.
Un an et demi avant sa mort, Yehoshua a déclaré en réponse Le tunnel dans une interview avec CNRC: « Aujourd’hui, tout n’est qu’une question d’identité. Nous devons également nous en débarrasser. Selon lui, Corona a prouvé le danger de penser en termes d’identités conflictuelles. Cela seul rendait la construction de tunnels entre ces identités si importante. Ce sont de sages paroles dont vous espérez qu’elles se réaliseront un jour, de préférence en 2024.