L’hiver 2025 menace toujours de devenir un hiver chancelant : « Il semble impossible de faire fonctionner Doel 4 et Tihange 3 »

L’opérateur Engie a des doutes sur la proposition de l’AFCN d’exploiter Doel 4 et Tihange 3 aux hivers 2025 et 2026. Les inquiétudes sur la sécurité d’approvisionnement ne sont donc pas encore apaisées.

Anne De Boeck

Comment allons-nous rester au chaud à l’hiver 2025 ? Cette question occupe les politiciens depuis un an maintenant. Après tout, les centrales nucléaires belges sont au bord de la retraite, tandis que les centrales nucléaires françaises qui nous soutiennent normalement sont en proie à des pannes. « Ce problème ne sera peut-être pas résolu avant 2028 », déclare l’expert en énergie Joannes Laveyne (UGent). Pendant ce temps, le président russe Poutine ferme progressivement le robinet de gaz.

L’été dernier, le gouvernement De Croo avait déjà conclu un accord de principe avec l’opérateur Engie Electrabel pour maintenir ouvertes dix ans de plus les centrales nucléaires Doel 4 et Tihange 3, qui devraient normalement fermer à l’été 2025. Mais d’abord, ils devraient fermer pendant un certain temps pour une modernisation. Peut-être que le redémarrage arrivera un peu trop tard pour l’hiver 2026.

Nous risquons de rencontrer des problèmes à la fois aux hivers 2025-2026 et 2026-2027, a calculé le gestionnaire de réseau Elia. Par conséquent, une alternative est recherchée avec diligence.

Étirez-vous un peu

Début février, le gouvernement a décidé d’enquêter sur une prolongation de la durée de vie des trois plus anciennes centrales nucléaires du pays : Doel 1, Doel 2 et Tihange 2. Elles fermeraient normalement en 2025. Cependant, elles ne répondent pas actuellement aux normes de sécurité actuelles. Les Verts préconisent donc d’« étirer » les centrales plus jeunes de Doel 4 et Tihange 3, en les laissant moins fonctionner en été et en les allumant aux heures de pointe en hiver.

Une enquête de l’organisme de surveillance nucléaire FANC montrerait désormais que Doel 4 et Tihange 3 ne devraient en effet pas nécessairement fermer au cours des hivers 2025 et 2026. La modernisation nécessaire à la prolongation de la durée de vie pourrait se faire en toute sécurité pendant les pauses normales de maintenance, écrivent-ils. l’Écho et Le temps. L’AFCN elle-même s’abstient de tout commentaire.

La piste pourrait être une alternative à l’allongement de la durée de vie des trois plus anciennes centrales nucléaires, ce qui est difficile – surtout pour les verts. « S’il existe une autre option nucléaire qui offre plus de garanties en matière de sécurité d’approvisionnement et de sûreté nucléaire, elle devrait certainement être étudiée », souligne la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen).

Mais la discussion au sein du gouvernement s’annonce rude. Par exemple, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, demande que les trois centrales les plus anciennes soient quand même agrandies. Sinon, ce gouvernement ne pourra pas s’entendre sur quoi que ce soit, a-t-il menacé la semaine dernière. Le gouvernement veut franchir le pas en mars.

exploit

Plus fondamentalement, il y a aussi des questions de faisabilité. Par exemple, le propriétaire Engie a des doutes. Engie et le gouvernement De Croo négocient actuellement la prolongation de la durée de vie de Doel 4 et Tihange 3. Ce sera en tout cas un exploit à réaliser dans les délais, précise Engie, sans parler du fait que les centrales électriques doivent tourner en permanence.

« Pour le moment, nous n’avons pas encore reçu de demande officielle du gouvernement pour enquêter sur cette option. Mais on peut d’ores et déjà dire que cette voie ne nous semble pas envisageable dans le cadre actuel », précise le porte-parole Olivier Desclée.

Cependant, selon Laveyne, combler les hivers avec Doel 4 et Tihange 3 peut être une solution intéressante. Le gouvernement belge a alors l’avantage « de ne pas avoir à user de toutes sortes d’astuces pour maintenir ouvertes ces centrales nucléaires les plus anciennes », tandis qu’Engie n’a pas à mettre son personnel en attente pendant deux ans. Laveyne : « Bien que la grande question reste de savoir si nous pouvons tout faire à temps. »



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