L’histoire est devenue réalité : Sinner est un dominateur qui sait donner de la joie


Il sera difficile pour tout le monde, même pour lui, de rivaliser avec une saison comme celle-ci : aujourd’hui, il est trop fort pour n’importe quel adversaire.

Directeur adjoint adjoint

18 novembre – 00h27 -MILAN

L’histoire était déjà écrite et l’histoire s’est accomplie. Le jeune roi portait la couronne dans son palais préféré à la fin d’une saison unique, pleine de batailles, de douleurs, d’inquiétudes et de nombreux succès. En remportant sa première finale ATP, Jannik Sinner peut se sentir vraiment à l’aise sur le trône du numéro un du tennis mondial. Et à partir de là, avec son sourire de garçon, il méprise tout le monde et fixe rendez-vous en janvier. Les fans le félicitent car il a trouvé un véritable champion qui donnera satisfaction pendant encore de nombreuses années. L’Italie du sport peut se vanter d’avoir un champion qui, de par sa popularité et son attrait médiatique, emboîte rapidement le pas à Alberto Tomba, Valentino Rossi ou Marco Pantani, pour ne citer que quelques icônes intemporelles qui, grâce à leurs exploits, resteront toujours dans nos mémoires. Comparé à eux, Jannik est un garçon plus simple, sans excès. Un véritable exemple pour ses pairs.

Le plus grand élan que l’on puisse attendre de lui, c’est le poing levé après un point ou la main portée à son oreille pour appeler aux applaudissements. Et avec la simplicité qui le distingue, à sa manière, il a également affronté le tournoi des Masters, dominant l’actuel finaliste sans trop tremper sa chemise de sueur. Taylor Fritz n’a pu opposer que peu de résistance, mais n’importe qui parmi les dix premiers présents à Turin à sa place aurait connu le même sort. Il était déjà entendu dès les premiers matches du tour de qualification que la quatrième édition de la Finale de Turin se déroulerait à sens unique. Le porte-étendard bleu, s’il est en condition, est aujourd’hui au moins un cran au-dessus de tous ses autres rivaux. Le bilan saisonnier de soixante-dix victoires et seulement six défaites constitue un score de haut niveau qu’il ne sera pas facile pour quiconque d’égaler dans les années à venir. Pas même pour Jannik lui-même.

C’est une question de tête et bien sûr de jeu. En seulement un an, Sinner a achevé sa maturation. Il y avait un coup qui devait améliorer son bouquet technique plus que les autres et c’était le service désormais fondamental du tennis moderne, surtout lorsqu’on joue sur des surfaces rapides. La finale d’hier après-midi a confirmé que l’objectif avait été parfaitement atteint. Sinner a placé un nombre impressionnant de 14 as, alignant 71 pour cent de ses premières balles sans commettre de double faute. Pour le reste c’est une question d’intensité et de puissance, qualités innées pour le rouge du Val Pusteria et cultivées impeccablement par ses entraîneurs Simone Vagnozzi et Darren Cahill. Personne ne peut supporter ces rythmes dictés par les puissantes accélérations du coup droit sur le circuit mondial du tennis. Dès le début de la saison prochaine, il sera l’adversaire à battre. Chacun de ses collègues multipliera ses forces pour tenter d’inscrire sur son CV une victoire contre le robot-copiste italien. Pour cette raison, tout deviendra plus difficile et en même temps plus stimulant. Mais ce n’est pas tout : notre héros devra gérer au mieux son environnement. Les sponsors qui font la queue pour utiliser son image, les millions d’euros en caisse et beaucoup de popularité. Nous ne pensons cependant pas que le vertige du succès puisse miner sa personnalité. Jannik reste un garçon simple qui a eu une éducation stricte où les excès ne sont pas vraiment envisagés. Si nous étions lui sur le terrain, nous essaierions de consolider l’avantage qu’il a sur les surfaces rapides et nous nous concentrerions surtout sur Wimbledon, le Grand Chelem qui, plus que tout autre, offre une entrée dans l’histoire du tennis.

Jannik Sinner, en Italie, avec le trophée après avoir remporté la finale contre Taylor Fritz, aux États-Unis, lors du tournoi de tennis ATP Finals à Turin, en Italie, le 17 novembre 2024. ANSA/ALESSANDRO DI MARCO

Mais en attendant, il reste encore du travail à faire, la Coupe Davis. Le dernier effort, pour le tricolore. Nous ne savons pas quel est le niveau des batteries de notre champion, mais nous sommes certains qu’il donnera tout ce qu’il lui reste dans son corps pour répéter le succès de l’année dernière avec ses coéquipiers. Et délivrer par la même occasion une autre gifle symbolique au rival du futur. Celui de Carlos Alcaraz qui disputera la phase finale de la Coupe Davis entre les murs amicaux de Malaga et qui au classement de fin d’année compte près de cinq mille points de retard sur les bleus, un gouffre difficile à combler en peu de temps. L’Italie appelle à nouveau, Sinner est prêt à nous offrir une autre joie.





ttn-fr-4