L’histoire du seul sportif italien mort du SIDA. Abandonné de tous, sauf de sa fille Gessica


Aldo Cazzullo (photo de Carlo Furgeri Gilbert).

“LABeaucoup m’ont dit que vers la fin il voulait être seul avec moi, essayer de vivre avec moi le plus possible. Il sentait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps et il m’emmenait toujours avec lui. J’ai un souvenir clair de la maison de Bologne, sur les hauteurs. Il y avait ce gigantesque grenier, rien que pour moi, avec tous les jeux imaginables. Et puis il y a eu le chien Rudi, qui a grandi à côté de moi. La nuit, je ne pouvais pas m’endormir sans avoir la main de mon père dans la mienne. J’avais un besoin physique de cette compression et quand il était parti je me suis endormi de la même manière avec mes oncles. Cette main me manque tellement. Je ne dors toujours pas si je ne serre pas un oreiller en forme de cœur. Et si je vais à l’hôtel, j’en demande toujours un de plus, pour pouvoir le serrer. C’est le souvenir de lui que je porte en moi, même maintenant. Il avait de belles mains.”

C’étaient les mains d’un gardien de but. Le gardien de Napoli du deuxième championnat : Giuliano Giuliani. Le seul sportif italien décédé du sida, du moins à notre connaissance.

En Amérique, il y avait Magic Johnson, le grand basketteur : il est toujours vivant, entouré d’une vague d’affection populaire. Giuliani a vécu la maladie seul. Peu importe où il l’a contracté, peut-être en Argentine, dans les célébrations immodérées du mariage de Maradona.

Le fait demeure que le monde du foot l’a laissé tranquille, c’est fini avec sa femme, ces dernières années ont été un calvaire: il ne s’est pas résigné à vivre sans football, il est entré sur le terrain séropositif, avec un genou cassé.

“Giuliano Giuliani, plus seul qu’un gardien” de Paolo Tomaselli (66e et 2e éditions).

Une histoire qui serait oubliée aujourd’hui, si l’un de nos excellents collègues du Corriere della Sera, Paul Tomaselline l’avait pas dit dans un livre poignant : Giuliano Giuliani, plus seul qu’un gardien (publié par une maison d’édition que je ne connaissais pas et qui porte le nom d’une adresse new-yorkaise : 66thand2nd).

Et à la fin, seule sa fille, Gessica, est restée pour atténuer la solitude. Lisez son témoignage, qui clôt le livre, et vous ne pourrez qu’être ému.

Recevez des nouvelles et des mises à jour
sur les derniers
tendances beauté
directement à votre courrier

Vous souhaitez partager avec nous des émotions, des souvenirs, des réflexions ? Écrivez-nous à [email protected]
Tous les articles de Aldo Cazzullo

iO Femme © REPRODUCTION RÉSERVÉE



ttn-fr-13