L’exercice de la lecture est un tonique de l’humeur, un médicament pour ces temps sombres. Mais il faut l’entraîner comme un muscle, comme le biceps dont on prend tant soin


Serena Dandini (photo de Gianmarco Chieregato).

LEDans ces lignes orageuses que tu honores de ton affection j’essaye à ma manière de stimuler ce que je considère la meilleure thérapie en ces temps sombres, c’est-à-dire l’exercice de lecture. Médecine revigorante qui, selon les moments, peut avoir des effets prodigieux à la fois comme tonique et comme tonique de l’humeur mais en tout cas toujours capable de relever les défenses de nos pauvres âmes éprouvées par la brutalité de la vie contemporaine.

Si vous ne me croyez pas, je vous recommande le livre d’un maître qui, avec beaucoup plus de sagesse et d’autorité, dissipera tous les doutes à cet égard. C’est l’indispensable Le travail du lecteur. Parce que lire change la vie De Piero Dorfles (Bompiani), critique littéraire et journaliste de télévision que je considère comme l’un des meilleurs vulgarisateurs de ce dur « travail » qu’il faut pourtant faire pour empêcher le genre humain de tomber dans la barbarie.

Cela peut vous paraître apocalyptique mais l’exercice de lecture nous différencie des animaux et doit être entraîné comme un muscle comme les biceps qui sont tellement soignés lors des séances fatigantes en salle de sport que beaucoup subissent pour améliorer leur apparence extérieure. Mais l’interne ? Malheureusement, on l’oublie souventsurtout dans notre pays pauvre en lecteurs.

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Heureusement avec dévouement et plaisir Piero Dorfles nous apprend, tel un entraîneur personnel, à aborder ce sport vieux comme le monde avec un nouvel intérêt que l’on peut définir comme «…une expérience qui nous pousse plus facilement à avoir de l’imagination, à développer des idées, à imaginer de nouvelles choses, à penser des solutions originales. Ce qui permet de séparer la plénitude de la vie du vide d’un sentiment irrationnel ; venant de rien. »

« Le travail du lecteur. Pourquoi lire change la vie » de Piero Dorfles (Bompiani)

Et pour piquer notre curiosité l’auteur catalogue dans un idéal bignami de nombreux romans qui ont fait l’histoire de la littératureen les divisant en chapitres thématiques : on part de la fête de l’homme inepte dont il fait partie L’idiot de Dostoïevski, à l’art du polar, en passant par mon préféré qui regroupe les récits dans lesquels apparaissent « les tantes », personnages plus fréquents qu’on l’imagine : et ici les tantes sinistres et autoritaires des livres de Jane Austen et le vital et anticonformiste de Voyager avec ma tante de Graham Greene qui nous enseigne que « Il faut une tante pour vous apprendre à vous perdre et à oublier. »

Une balade à couper le souffle à travers de nombreuses histoires qui redonnent l’envie de reprendre ou inaugurent des lectures que l’on n’a jamais eu la force d’aborder.

Tous les articles de Serena Dandini.

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