Lewis Capaldi au Sportpaleis : chaque éclat de voix est le même, la grandiloquence est identique. Heureusement que les titres diffèrent les uns des autres ★★★


«Il y a 18 000 putains de personnes dans cette putain de salle. Je n’ai jamais joué un spectacle en salle devant autant de monde. Je ne savais même pas que je représentais quelque chose en Belgique. Merci pour l’argent! Je vais acheter une nouvelle voiture avec. Avec ces mots, Lewis Capaldi a accueilli la foule, après avoir hoché la tête « Forget Me » et « Forever » directement dans la salle à laquelle la réponse a été assourdissante.

Retour sur les textes contraignants de Capaldi, fier titulaire d’un doctorat en suceuse. « La dernière fois que je devais jouer ici, je n’ai pas réussi. Je ne vais pas mentir : j’ai eu la diarrhée. » Peu de temps après, il a qualifié sa propre musique de merde, a sorti ses « assez petits » mamelons, mais le meilleur intermède a été lorsqu’il a félicité une fan au premier rang pour son dix-septième anniversaire :Joyeux anniversaire! Cette prochaine chanson parle de la mort.

Un concert de Lewis Capaldi est comme une marche funèbre interrompue tous les cinq mètres par une blague mal placée d’un oncle qui n’arrive pas à sortir la Westmalle de son sang. Là où nous avons toujours pensé que l’Écossais se cachait derrière l’humour par honte pour ses ballades pop médiocres et interchangeables, la combinaison de la comédie et des chansons lugubres s’avère tout simplement être sa proposition de vente unique, comme l’a impressionné un commerçant surpayé.

Lewis Capaldi au Sportpaleis.Image Damon De Backer

Diviser un spectacle en autant de pourcentages de hurlements que de hurlements est une tactique bien pensée. James Blunt utilise la même stratégie, à la différence que le canon pathétique de Lewis Capaldi est encore plus minutieusement réglé. Il a trouvé la formule et ne varie donc pas avec les munitions, car il sait qu’il touchera à chaque fois. « Before You Go », « Bruises », « Grace », « Pointless » – la bande originale du mascara étalé – étaient des énigmes de niveau académique pour repérer les différences : chaque explosion vocale est la même, la bombe est également identique. C’est une bonne chose que les titres diffèrent les uns des autres.

Mais bien que l’œuvre de l’auteur-compositeur-interprète soit incroyablement monotone, les 18 000 personnes présentes au Sportpaleis ont prouvé que la musique stéréotypée comme celle-ci a le droit d’exister. Capaldi a même affirmé qu’il avait joué son meilleur spectacle de cette tournée européenne jeudi soir – on l’a cru – et le public y avait pour beaucoup. Entre l’ouvreur ‘Forget Me’ et ‘Someone You Loved’, si vous pouvez faire appel à une tête d’espionnage qui était sortie pour tester les limites du décibelmètre, vous vous dépasserez pour moins cher.

Un bémol : pour une tournée qui porte le nom de son deuxième album encore à paraître Brisé par le désir d’être envoyé céleste l’ensemble avec trois chansons inédites pourrait difficilement être qualifié d’aventureux. Il n’y avait pas non plus de variation dans ce nouveau travail: Lewis Capaldi continuera de prendre d’assaut les charts avec une musique trop rock pour James Blunt et trop douce pour Sam Fender. Ce qui était impossible, ou du moins difficile, à comparer : combien d’autres stars de la pop peuvent chanter aussi éblouissant que Capaldi, alors qu’il était constamment assailli de tics dus au syndrome de Tourette ?

Même si c’était une heure de boiterie sur deux têtes : Lewis Capaldi sait très bien qu’il y a de l’argent à gagner avec son chagrin d’amour, donc on peut l’accuser d’un certain calcul, mais en même temps il passe pour authentique car il reste son moi stupide. Lewis Capaldi a traité le Sportpaleis avec des saucisses uniformes. Ça a goûté.



ttn-fr-31