L’Europe ne peut plus réguler le climat mondial. « Un petit pas en avant »

« Cet accord est un trop petit pas en avant », a reconnu le commissaire européen et vice-président de la Commission Frans Timmermans après la COP27. « Trop de parties ne veulent plus faire de progrès dans la lutte contre la crise climatique. »

L’UE est ainsi devenue la perdante diplomatique de ce sommet. La semaine dernière, il est devenu clair que Bruxelles ne peut plus réguler le climat mondial, tant au sens propre (dans le texte final de la COP) qu’au sens figuré (en termes de pouvoir géopolitique).

Une coalition de 134 pays pauvres a réussi à briser trente ans de résistance de l’UE et des États-Unis à la création d’un fonds pour les dommages climatiques. Cela devrait compenser les pays qui subissent désormais les conséquences d’émissions industrielles historiques de gaz à effet de serre. La coalition était dirigée par le Pakistan, qui a récemment vu de grandes parties de son territoire inondées.

Le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele (UCL) qualifie le fonds de compensation de « résultat très positif » pour les pays vulnérables, même s’il prévient que la promesse ne doit pas rester vaine. « Nous constatons que les engagements pris par les pays développés à Copenhague en 2009 de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement à partir de 2020 ne sont toujours pas respectés. C’est pourquoi nous devons soigneusement vérifier que le nouveau fonds de dommages est alimenté. L’UE et les États-Unis seront considérés comme des contributeurs nets. Les deux demandent que la Chine contribue également.

L’UE n’a pas non plus réussi à réduire davantage les combustibles fossiles. Pendant les prolongations tendues du sommet ce week-end, même des efforts ont été faits pour maintenir le statu quo de Glasgow l’an dernier. Là, il a été convenu de supprimer progressivement uniquement les subventions au charbon et aux combustibles fossiles inefficaces.

En particulier, les pays producteurs de pétrole et de gaz comme l’Arabie saoudite et la Russie, mais aussi les grands consommateurs comme la Chine, étaient réticents à réduire la production et la consommation de tous les combustibles fossiles. Dans le texte final, la présidence égyptienne a également fait passer en contrebande un message selon lequel même l’énergie « à faibles émissions » peut faire partie de la réponse mondiale aux conditions météorologiques extrêmes. Selon l’Egypte, le gaz naturel est toujours inclus – tout comme Le Caire cherche de l’argent auprès de la Banque européenne d’investissement pour développer des gisements de gaz en Méditerranée pour l’exportation vers l’UE.

Van Ypersele s’inquiète également de la faiblesse du texte final. « Où est l’action qui soit proportionnée à l’urgence exprimée dans de nombreux discours ? », lance-t-il. « Si l’humanité veut garder sa seule maison habitable, elle doit faire beaucoup plus pour atteindre l’objectif d’un réchauffement maximal de 1,5 degrés Celsius. »



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