Les « Vrais Gaulois » ne renoncent pas à la perte de Le Pen

On ne remarque pas en ce dimanche soir dans le parc parisien du Bois de Boulogne que l’électeur Le Pen moyen vit à la campagne. Les partisans des politiciens français d’extrême droite réunis au très chic Pavillon d’Armenonville, où Marine Le Pen organise sa soirée des résultats du second tour de l’élection présidentielle, sont des jeunes hommes et femmes impeccablement habillés et coiffés.

L’un d’eux est Théo Fontaine (23 ans) de Lille dans le nord de la France, non loin de Hénin-Beaumont, domicile de la chef du parti Marine Le Pen. Depuis qu’il a commencé à être attiré par ses idées il y a trois ans, il est également devenu politiquement actif pour son parti Rassemblement National. Même si l’entrée du parc est gardée par des dizaines de fourgons de police et d’officiers mitrailleuses au poing, l’ambiance à Fontaine et consorts est bonne en ce début de soirée. Dans les zones rurales, il le sait, la participation est plus élevée que prévu. Ce serait bénéfique pour Le Pen.

Que Le Pen obtienne effectivement ses votes de la campagne devient clair lorsque le journal Le Monde présente une carte de résultats préliminaires plus tard dans la soirée. Là où Paris est de couleur orange, la couleur de Macron, il y a un large cercle de départements autour de la capitale de couleur marron, indiquant le parti de Le Pen.

Patriotisme

Fontaine admire Le Pen pour son « patriotisme », dit-il. « Elle défend toutes les générations. » Et elle a des « idées lumineuses », comme le préférencee ou priorité nationale, terme que la politicienne utilise pour sa politique préférentielle envers les Français par rapport aux étrangers – entre autres, elle souhaite que les personnes ayant un passeport français aient plus de droits dans le domaine du logement social et du travail. Une question de « bon sens », selon Fontaine. « Nous accueillons tellement de monde, alors il faut donner la priorité aux Français. » En arrière-plan, un homme âgé passe avec sa barbe grise attachée avec des élastiques dans le tricolore français.

Juste après les fourgons de police se trouvent également des dizaines de voitures à réaction des médias mondiaux. Un président Le Pen ferait l’actualité mondiale, la BBC et la VRT le savent aussi. Selon un porte-parole du Rassemblement national, 2 000 journalistes s’étaient accrédités pour la soirée des résultats de Le Pen. Seul un quart d’entre eux sont autorisés à entrer.

Depuis que j’ai voté pour le père de Marine en 1988, j’ai eu peur de voter

Christian Jacques supporter de Marine Le Pen

Dans une brasserie près de l’Arc de Triomphe, ailleurs dans Paris, la tension monte vers huit heures. C’est chuchoté leçon Belges† le radiodiffuseur public belge francophone RTBF n’a pas à se conformer à la stricte interdiction de publication française et rapporte déjà avant les prévisions officielles que Macron sera réélu.

Cela s’avère exact à 20 heures : une majorité de 58 % des Français, comme il y a cinq ans, préfère Emmanuel Macron à Marine Le Pen comme président de la République. Tandis que les partisans du président agitent de grands drapeaux français sous la tour Eiffel, les partisans de Le Pen sortent du pavillon, tenant un petit drapeau tricolore à la main.

Christian Jacques (67 ans), retraité, de Seine-et-Marne près de Paris – « vivre bien et tranquillement, beaucoup d’animaux et peu d’immigrés » – le regarde, les mains dans les poches, les épaules baissées. La perte de Le Pen est due à « la diabolisation par les médias », a déclaré Jacques. « Depuis que j’ai voté pour le père de Marine en 1988, j’ai eu peur de voter. » Cela lui donne l’espoir qu’une nouvelle génération, comme Fontaine, soit active pour le parti. « Ce sont de vrais Gaulois. »

Discours de combattant

Quelques instants plus tôt, Le Pen a prononcé un discours militant dans le pavillon annonçant qu’elle continuerait à combattre Macron au moins jusqu’aux élections législatives de juin. Pas sans importance : depuis cinq ans, Macron a pu avoir une majorité parlementaire, et Le Pen s’est engagé à éviter ce scénario maintenant.

Théo Fontaine, tout en fumant une cigarette devant le pavillon après le discours, pointe les points positifs du résultat : 42 % des Français soutiennent leur chef de parti. Macron a peut-être gagné la France, mais cela ne veut pas dire qu’il gagne le Parlement. Nous allons lui rendre la tâche très difficile.



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