Elizabeth a fait attendre Charles si longtemps. N’aurait-elle pas pu passer le relais plus tôt ?
« Non. Le roi ou la reine est également le chef de l’Église anglicane. Ce poste est occupé jusqu’à la mort. Les Britanniques sont très traditionnels et ne l’accepteraient pas si un monarque ou une reine abandonnait prématurément. Il y a un gros inconvénient à cela, car les héritiers du trône arrivent sur le trône beaucoup trop vieux. En effet, ils sont alors insuffisamment capables de leur travail. La position n’est peut-être pas très lourde, mais elle reste d’une grande importance pour le pays. Pour la comparer irrespectueusement à une entreprise familiale : à un moment donné, le grand-parent doit céder sa place. Ensuite, la nouvelle génération peut donner une impulsion. Mais ils ne connaissent pas cette tradition là-bas. Même si la santé de Charles se détériore à un moment donné, il ne sera pas remplacé. »
Cela peut donc aussi prendre beaucoup de temps pour le prince William. C’est une chose cruelle à dire, car Charles a été patient pendant si longtemps, mais certains préféreraient voir la couronne sauter une génération.
«Pour son fils William, prendre la relève du vivant de son père – ou même être couronné roi en ce moment – est tout à fait impossible. William est en effet plus populaire et rayonne de jeunesse. Il forme un couple populaire avec Catherine Middleton et a trois jeunes enfants. De plus, il est plutôt une page blanche. Charles, d’autre part, a déjà traversé les vicissitudes et les histoires nécessaires. Il est volage et connu pour ses lèvres lâches. Il ne cache pas son opinion. (Par exemple, il a écrit à des organisations pour exprimer son opinion et a fait la promotion du jus de carotte contre le cancer, la SEP)
N’est-ce pas joli : un roi qui affiche ses couleurs et donne du flair à l’institution ? La Belgique a également un riche passé à cet égard.
« C’est contraire aux règles et nuit à la monarchie. Le monarque doit être au-dessus des opinions, des différentes communautés et partis politiques. Charles se verra régulièrement rappeler les déclarations qu’il a faites en tant que prince héritier. Cela le rend vulnérable. En Belgique, Albert II et Filip en tant que prince héritier ont également commis plusieurs dérapages. Mais la situation est incomparable. Nous connaissons la responsabilité ministérielle. Le Premier ministre est responsable de ce que fait ou dit le monarque et peut donc en être tenu responsable. La constitution stipule clairement ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire. Tout au Royaume-Uni est basé sur la common law, il n’y a donc que des lois non écrites. Le Parlement n’a donc aucun instrument formel pour réprimander le roi ou la reine. En ce sens, leur monarchie est beaucoup moins bien protégée.
Vous attendez-vous à un effet King Philippe ? Un regain de popularité soudain pour Charles ? Par exemple, en renouvelant en profondeur la famille royale.
« Je ne m’attends à aucune modernisation. Le lien entre l’Église et l’État est très fort au Royaume-Uni. Tous les symboles de la monarchie respirent l’anglicanisme. Et les discours de Noël d’Elizabeth étaient également mêlés de réflexions religieuses. Ce serait impensable en Belgique. Je m’attends à ce que Charles veuille suivre les traces de sa mère. Mais il n’est pas le monument qu’était Elizabeth. Ce sera tout un travail de rayonner le même niveau de confiance et de stabilité.
En aurait-il encore envie après tout ce temps, pensez-vous ?
« Il le faudra. Il n’a pas le choix, n’est-ce pas ?