Les sociétés de recouvrement de créances européennes en difficulté ont simplement besoin que le cycle du crédit se détériore


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La forte baisse des actions bancaires européennes ces dernières semaines est un signe que le cycle du crédit est en train de changer. Ce changement pourrait prendre du temps étant donné les conditions économiques difficiles des cinq dernières années. Aujourd’hui, alors que les signes de faiblesse se multiplient, en particulier chez les consommateurs, les pertes sur prêts risquent d’augmenter plus rapidement.

C’est une mauvaise nouvelle pour les banques et leurs actionnaires. Mais cela pourrait être la bouée de sauvetage qu’attendaient les sociétés de recouvrement de créances européennes en difficulté.

L’italien doValue en est un parfait exemple. L’action de la société a chuté de plus de 80 % depuis le début de l’année et a encore souffert après la publication de ses résultats jeudi. La faiblesse des encaissements au premier semestre l’a incité à réduire ses prévisions pour l’ensemble de l’année. La situation n’est pas meilleure chez son homologue suédois Intrum. L’entreprise est engagée dans une bataille avec les détenteurs d’obligations pour réduire les dettes qu’elle a contractées pour racheter des créances douteuses.

L’absence de nouveaux prêts non performants en provenance du secteur bancaire n’a pas non plus aidé. Mais certains signes laissent penser que ce flux va reprendre.

Le recouvrement des créances est devenu plus difficile en raison des mêmes problèmes qui freinent les consommateurs : l’inflation et l’augmentation du coût de la vie. Chez doValue, le recouvrement a chuté de 14 % par rapport à l’année précédente au premier semestre, le taux de recouvrement passant de 4,4 % à 4,2 %. Chez Intrum, le recouvrement a diminué de 4 % sur la même période.

Les créances douteuses ont commencé à augmenter dans les banques cette année. La récente baisse de 10 % des actions bancaires reflète en partie une hausse de 0,1 point de pourcentage des provisions attendues, estime JPMorgan. Cela ramènerait l’an prochain le coût du risque à l’échelle européenne à des niveaux conformes aux moyennes historiques.

Cela ne serait pas sans risque pour les sociétés de recouvrement de créances en manque de croissance. L’augmentation des créances non performantes permettrait de tester l’efficacité des plans de croissance d’Intrum, qui nécessitent peu de capitaux, souligne Johan Ekblom d’UBS. Historiquement, l’entreprise s’est développée en utilisant son propre bilan. Le nouveau modèle, dans lequel elle partagera l’achat de nouveaux créances non performantes avec l’investisseur américain Cerberus, pourrait générer une croissance plus rapide que celle de doValue, qui s’appuie sur l’obtention de nouveaux mandats de gestion auprès des propriétaires.

Intrum doit cependant d’abord procéder à une restructuration, à laquelle s’opposent certains de ses détenteurs d’obligations à court terme. Ses actions, qui ont été bombardées, ont grimpé de 30 % depuis le début du mois de juillet, dans l’espoir d’une résolution prochaine. Le cours de l’action DoValue reste quant à lui à son plus bas niveau depuis son introduction en bourse en 2017. Une vision baissière des perspectives économiques de l’Europe pourrait annoncer des temps plus favorables pour l’un ou l’autre.

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