La Cour de justice européenne a statué vendredi (4 octobre 2024) que les règles de transfert de la FIFA violaient le droit européen. Cette décision pourrait avoir des conséquences considérables sur le football professionnel.
La liberté de circulation des joueurs et de compétition entre clubs accordée par le droit de l’UE selon le verdict limitée par les règles dont traite la CJCE. La CJUE a déclaré dans un résumé de l’arrêt : « Ces dispositions entravent la libre circulation des joueurs et restreignent la concurrence entre les clubs ».
L’association mondiale FIFA a été sollicitée pour une déclaration. La Ligue allemande de football (DFL) commentera le verdict vendredi.
Avocat du sport : « Il est temps d’adopter un nouveau système de transfert FIFA »
Le célèbre avocat du sport Antoine Duval a écrit dans une première évaluation à « X » que le verdict doit être disponible dans son intégralité et élaboré afin de pouvoir fournir des informations sérieuses sur les conséquences possibles. Cependant, il est d’ores et déjà peu probable que le système de transfert tel qu’il est actuellement pratiqué perdure. De la déclaration rédigée par la CJCE « La Cour de justice décide que toutes ces dispositions violent le droit de l’Union », il a déduit dans un autre post que l’arrêt était « clair comme du cristal » et « formidable », ce qui signifie qu’il y aurait des bouleversements majeurs : » C’est « Il est temps d’avoir un nouveau système de transfert FIFA ».
Le procès de Lassana Diarra, le déclencheur
L’ancien footballeur professionnel Lassana Diarra a été signé par le club russe du Lokomotiv Moscou en 2013. Au bout d’un an seulement, il est tombé en panne. Le club a résilié le contrat et exigé une indemnisation. L’ancien international français a, à son tour, poursuivi le club pour salaires impayés. Il a affirmé que trouver un nouveau club serait difficile.
Lassana Diarra sous le maillot du Lokomotiv Moscou
Car selon les règles de la FIFA, tout nouveau club serait tenu de verser une indemnité au Lokomotiv Moscou si un contrat avec lui était résilié sans raison. C’est pourquoi aucun contrat n’a été conclu avec le club belge du Sporting du Pays de Charleroi. Diarra a ensuite assigné en justice la FIFA et la Fédération belge de football pour dommages et manque à gagner s’élevant à six millions d’euros. Le tribunal belge a renvoyé l’affaire devant la CJCE, qui a maintenant rendu son verdict.
Les juges ont maintenant décidé que les règles de la FIFA outrepassaient les limites. Celles-ci font peser sur les athlètes et les clubs « des risques juridiques, financiers et sportifs importants, imprévisibles et potentiellement très importants », a indiqué le tribunal dans un communiqué de presse. Certaines règles pourraient être justifiées au motif qu’elles assurent une certaine stabilité au sein des équipes. Mais ici, les règles semblent aller plus loin, selon les juges.
Le tribunal suit les demandes du procureur général
Dans sa lecture fin avril 2024 L’avocat général Maciej Szpunar a donné son avis partageait déjà le point de vue de Diarra. Il avait conclu que le système de transfert pourrait être illégal. Les règles de la FIFA sont conçues de telle manière que les clubs hésitent à recruter des joueurs par crainte de risques financiers. Les sanctions potentielles contre les clubs pourraient en réalité empêcher les joueurs d’exercer leur profession dans un club d’un autre État membre.
En outre, les règles de la FIFA affectaient la compétition entre clubs car elles réduisaient les possibilités de recruter des joueurs, a-t-elle indiqué dans les conclusions finales. Toutefois, les violations des réglementations européennes en matière de liberté de circulation et de concurrence pourraient être justifiées si elles poursuivent un objectif légitime. Les juges suivent souvent l’avis de l’avocat général, mais pas toujours.
Dans le verdict sur la Super League 2023, par exemple, les juges ont pris une décision complètement opposée aux demandes du procureur général.
Le cas spécifique Diarra est tranché par un tribunal en Belgique
En principe, la CJCE ne statue que sur les questions qui lui sont soumises. Le tribunal national – en l’occurrence le tribunal belge – doit alors trancher le cas concret, en tenant compte de l’avis juridique de la CJCE.