Les réformes françaises de l’immigration mettent à l’épreuve le leadership d’Emmanuel Macron


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Le président français Emmanuel Macron est confronté lundi à un test parlementaire périlleux, alors que les doutes grandissent quant à sa capacité à obtenir le soutien de la majorité pour ses réformes de l’immigration promises depuis longtemps.

Les partis d’opposition ont fait pression sur le gouvernement Macron avec une tactique parlementaire de dernière minute, connue sous le nom de motion de rejet, qui pourrait rejeter le projet de loi avant même qu’il n’atteigne l’Assemblée nationale pour débat.

Cette menace est le dernier signe en date de la façon dont la capacité de Macron à légiférer a été entravée depuis que sa réélection l’année dernière a privé son alliance centriste de sa majorité. Sa décision en avril de demander aux législateurs d’adopter sa réforme phare visant à relever l’âge de la retraite sans vote a déclenché des manifestations de rue et des réactions négatives de la part des opposants politiques.

Perdre le vote lundi ne tuerait pas nécessairement le projet de loi sur l’immigration, mais ce serait un revers embarrassant à la fois pour Macron et pour le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a passé des mois à tenter de gagner des voix du parti conservateur Les Républicains (LR).

« Il s’agit d’un projet de loi qui prend une position ferme contre l’immigration clandestine et les étrangers qui commettent des délits. . . Je ne vois pas comment les législateurs de droite pourraient voter contre », a déclaré Darmanin vendredi sur France Info. « Nous devons trouver un compromis. »

Mais Eric Ciotti, leader LR à l’Assemblée nationale, s’est engagé à voter contre le projet actuel. « Nous ne serons pas complices de l’échec prévisible » d’une proposition « sans ambition », a déclaré Ciotti.

Le gouvernement Macron, sous la pression de l’extrême droite renaissante de Marine Le Pen et du durcissement de l’opinion publique sur l’immigration, a présenté ces réformes comme une solution à des problèmes de longue date. Il renforcerait le système d’asile, réduirait le nombre de recours que les demandeurs peuvent introduire de 12 à 2, exigerait la maîtrise du français et viserait à améliorer le bilan relativement médiocre de la France en matière d’expulsions.

Mais il comprend également des propositions, critiquées par la droite, visant à accorder des permis de travail aux personnes sans papiers employées dans des secteurs en pénurie de main d’œuvre, comme la construction et la santé. C’est un exemple de la volonté de Macron en même temps (en même temps) un slogan politique et un reflet de la façon dont le président français a longtemps cherché à emprunter des idées à la gauche et à la droite.

Pour LR et le Rassemblement National de Le Pen, cette loi équivaut à une amnistie destinée à récompenser les personnes entrées illégalement en France. Bien que le gouvernement ait estimé que cette mesure ne toucherait qu’environ 7 000 travailleurs par an, les opposants affirment que ce chiffre serait bien plus élevé.

« Si nous voulons réduire une fois pour toutes le nombre de migrants illégaux, nous devons envoyer un signal ferme selon lequel ceux qui viennent doivent respecter nos règles », a déclaré Edwige Diaz, députée du Rassemblement national.

Le gouvernement pourrait à nouveau recourir à un mécanisme de dérogation à la loi sur l’immigration, même si Darmanin et la Première ministre Élisabeth Borne ont déclaré qu’ils ne souhaitaient pas le faire. Cela permet aux partis d’opposition de déposer des motions de censure pour renverser le gouvernement.

Les critiques de l’approche de Macron soutiennent que la nouvelle loi consiste en des ajustements largement technocratiques des procédures et des règles administratives sur ce qui est une question politique de plus en plus incendiaire.

Les difficultés du projet de loi, initialement présenté il y a un an mais retardé à plusieurs reprises, ont fait le jeu de Le Pen en lui permettant de critiquer le gouvernement comme étant déconnecté de l’opinion publique.

Le Pen l’a qualifié de « petite loi administrative » qui ne résoudrait pas le problème de « l’immigration anarchique » et l’a comparée à des dizaines de réformes tout aussi inefficaces adoptées au cours des dernières décennies.

Son programme appelle à une modification de la constitution française pour contourner les règles européennes en matière de migration et d’asile, ainsi qu’à donner aux citoyens français la priorité sur les étrangers en matière de logement social et d’emplois dans le secteur public.

Le retour des attentats terroristes islamistes sur le sol français a joué un rôle dans le débat sur l’immigration. Lors d’un incident, un homme de 20 ans, né en Tchétchénie, qui revendiquait son allégeance à l’État islamique, a tué un enseignant. L’enquête a révélé qu’il avait profité d’une échappatoire pour annuler une mesure d’expulsion à son encontre, ce qui a incité Darmanin à affirmer que sa nouvelle loi était nécessaire pour y mettre un terme.

Les enjeux de la prochaine session parlementaire sont importants. « Il y a une critique qui s’élève selon laquelle l’État est impuissant et inefficace dans le contrôle de l’immigration », a déclaré Marc Ferracci, député du parti Renaissance de Macron. « En fait, ce n’est pas vrai, mais c’est ce que les gens croient. Nous devons prouver que nous pouvons.



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