Les rebondissements stratégiques du cd&v ou de l’Open Vld ne donnent pas d’électeurs. Au contraire

Bart Eeckhout est commentateur en chef de Le matin.

Bart Eeckhout

Certains chefs de parti qui regardent désespérément les mauvaises cotes d’écoute de leur parti pourraient, par réflexion, commencer par se regarder dans le miroir. Prenez CD&V maintenant. Autrefois un parti populaire fier, l’axe autour duquel tournait la vie politique en Flandre, aujourd’hui un parti qui, selon les sondages successifs, doit se battre pour conserver 10 % des électeurs. Comment est-ce possible?

Eh bien, par exemple. Lors de la précédente législature, une majorité (de centre) droite aurait pu limiter le chômage dans la durée. Seul le partenaire de coalition cd&v s’y est opposé à l’époque, car le parti voulait se profiler comme le flanc gauche du gouvernement Michel. Désormais, il n’y a pas de majorité dans le gouvernement coloré De Croo pour limiter le chômage dans la durée. Et c’est précisément maintenant que le CD&V a proposé de le faire, car le parti veut maintenant peupler l’aile droite au gouvernement.

Les stratèges de la communication des chrétiens-démocrates pensent probablement que le parti se porte bien. Parce que la proposition de bidouiller les allocations de chômage fait beaucoup de bruit, tout comme l’opposition à la bidouille a fait l’objet de beaucoup d’attention dans le passé. C’est une double erreur. Le virage stratégique ne rapporte aucun électeur. Au contraire. Aucun électeur ne croit que CD&V limitera certainement les allocations de chômage, tout comme aucun électeur ne peut croire que cela ne se produira certainement pas. C’est le problème de crédibilité de CD&V (et d’Open Vld dans d’autres dossiers similaires, comme la sortie du nucléaire).

Une proposition de réduction des allocations de chômage est une idée « sûre ». Vous pouvez crier ce que vous voulez, avec le PS (et Vooruit et les Verts) embarqués au gouvernement, il n’y a aucune chance que la réforme se concrétise. Ce qui reste, c’est l’envie de profiler. Les électeurs voient à travers cela.

La question des allocations de chômage mérite néanmoins un débat sérieux. Les partisans d’une limitation dans le temps de la prestation ont un argument de poids. Tous les pays voisins nous ont précédés avec une mesure similaire. Le taux d’emploi est plus élevé dans tous ces pays qu’aux Pays-Bas. Ainsi, l’appel à faire quelque chose ne vient pas de nulle part.

Pourtant, la question est plus complexe que ne le laisse penser la volonté de certains de punir les demandeurs d’emploi. D’autres pays présentent également un flux du chômage de longue durée vers l’invalidité de longue durée. De plus, la « dégressivité » qui existe déjà en Belgique n’est pas une réussite. Le système est trop compliqué et offre peu d’incitations car de nombreux demandeurs d’emploi de longue durée approchent déjà le seuil minimum de toute façon. Elle produit peu d’activation, car le profil de ces demandeurs d’emploi ne correspond pas aux offres d’emploi.

Limiter le chômage dans le temps n’a de sens que dans le cadre d’une réforme majeure et socialement responsable. Quiconque veut y parvenir devrait donc avoir le courage de conclure un accord avec le PS au bon moment, lorsque les gouvernements et les majorités seront formés. Parce que le simple fait de parler ne comble pas les trous.



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