Les procureurs français ouvrent une enquête sur la fraude fiscale après avoir examiné l’utilisation par le gouvernement de cabinets de conseil


Les procureurs financiers français ont ouvert une enquête préliminaire sur les allégations de fraude fiscale portées contre l’américain McKinsey dans le cadre d’une enquête du Sénat sur l’utilisation par le gouvernement de cabinets de conseil privés.

Le parquet n’a pas nommé la cible de l’enquête mais, dans une interview au journal Le Figaro, Emmanuel Macron, président de la France, a confirmé qu’il s’agissait de McKinsey.

« Nous saurons à l’issue de cette enquête judiciaire s’il y a eu fraude fiscale par cette entreprise ou non », a-t-il déclaré.

L’enquête représente un revers pour Macron quelques jours seulement avant qu’il ne se présente devant les électeurs pour se faire réélire lors du premier tour de scrutin dimanche. Les sondages montrent qu’il semble prêt à se présenter au second tour, mais son avance sur la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, désormais deuxième, s’est réduite à la marge d’erreur dans certains sondages.

Les rivaux politiques de Macron se sont emparés de ce qu’ils appellent le scandale McKinsey de reprocher à son gouvernement de trop dépenser en consultance alors que la France dispose déjà d’un important secteur public composé de fonctionnaires de carrière.

L’enquête fait suite à un sénat rapport publié le 16 mars qui critiquait « l’influence des consultants » sur l’État et qualifiait leur utilisation de « large et opaque ». Les ministères du gouvernement central y ont dépensé à eux seuls 893,9 millions d’euros en 2021, soit plus du double du montant de 2018, selon le rapport.

McKinsey, qui a conseillé le gouvernement français sur le déploiement du vaccin Covid-19, les projets technologiques et l’éducation, a fait l’objet d’une attention particulière, bien qu’il ne s’agisse que de l’une des nombreuses entreprises qui travaillent pour l’État.

Le 25 mars, le Sénat a allégué dans une déclaration que McKinsey n’avait pas payé d’impôt sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans.

L’entreprise a nié tout acte répréhensible et a déclaré avoir respecté les règles fiscales et de sécurité sociale applicables. Il a déclaré avoir payé plus de 422 millions d’euros de charges fiscales et sociales liées à ses salariés en France de 2011 à 2020, soit environ un cinquième de son chiffre d’affaires sur la période.

« Si on le lui demande, McKinsey se mettra à la disposition de l’administration et des autorités compétentes », a-t-il déclaré mercredi.

Macron, un ancien banquier d’affaires, a cherché à désamorcer la polémique pendant plus d’une semaine, envoyant d’abord ses ministres pour faire valoir que le recours aux conseils était « largement répandu et dans la grande majorité des cas utile » et que la France ne s’appuyait pas sur sur eux plus que d’autres pays européens.

Il a déclaré plus tard qu’il n’y avait rien d’inconvenant dans le recours à des conseillers extérieurs, ajoutant que son gouvernement avait plaidé pendant des années pour une réforme du système fiscal international afin de limiter les techniques d’optimisation fiscale. « S’il y a abus, au cas par cas, alors il faut le sanctionner », a-t-il déclaré sur la radio France Inter.

Les rivaux présidentiels de Macron ont cherché à utiliser l’épisode pour dépeindre le président comme un technocrate sous l’emprise de consultants internationaux afin de rappeler aux électeurs comment l’ancien employé de Rothschild a gouverné en tant que « président des riches ».

« Macron apparaît comme un chef d’Etat qui n’a aucune confiance dans l’Etat ou les fonctionnaires qui travaillent pour lui », a déclaré Le Pen lors d’un rassemblement ce week-end dans l’est de la France. « Qui dirige vraiment ce pays ?

Par ailleurs, une enquête policière sur la mort d’un jeune homme juif nommé Jérémy Cohen est également devenue un enjeu de campagne après que sa famille a demandé au candidat d’extrême droite Eric Zemmour d’attirer l’attention du public sur l’incident de février au cours duquel il a été tué par un tramway. Ils disent que des assaillants ont poursuivi Cohen jusqu’à sa mort à Bobigny, au nord-est de Paris, parce qu’il était juif.

Le Pen, Zemmour et la candidate conservatrice Valérie Pécresse ont utilisé ces derniers jours l’affaire Cohen pour critiquer le bilan de Macron en matière de criminalité.

Reportage complémentaire de Victor Mallet à Paris



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