Les prix du diesel baissent alors que la Russie lève l’embargo sur les exportations maritimes


Restez informé avec des mises à jour gratuites

La Russie a levé l’interdiction sur les exportations de diesel qui menaçait de réduire l’approvisionnement mondial en carburant industriel crucial et a fait craindre que Moscou ne déplace sa guerre énergétique vers le marché pétrolier.

Moscou a déclaré vendredi dans un communiqué que les exportations maritimes pourraient reprendre à condition que les fabricants envoient la moitié du diesel qu’ils produisent sur le marché intérieur, soit à peu près la norme historique. Le Kremlin avait déclaré avoir imposé cette interdiction en raison de pénuries intérieures.

Cette décision de vendredi a déclenché une vente massive sur les marchés du diesel, les prix en Europe ayant chuté de plus de 3 pour cent, les craintes de pénurie s’étant atténuées. Les prix avaient initialement bondi lorsque l’interdiction a été introduite il y a deux semaines, même s’ils avaient déjà baissé dans un contexte de déclin plus large des marchés de l’énergie.

Le Conseil de sécurité nationale des États-Unis a décrit l’interdiction comme une preuve supplémentaire que « la Russie n’est pas un fournisseur d’énergie fiable », cette mesure ayant été introduite alors que les prix du pétrole semblaient pouvoir dépasser les 100 dollars le baril pour la première fois cette année.

La hausse des prix du carburant est déjà devenue un enjeu électoral aux États-Unis, les candidats républicains à l’élection présidentielle de l’année prochaine attaquant l’administration Biden à propos de la hausse des prix du carburant. Le favori républicain Donald Trump a accusé l’administration de négliger l’industrie pétrolière nationale.

Mais si la décision du Kremlin visait à semer la peur sur les marchés internationaux de l’énergie, la réaction des prix suggère qu’elle n’a eu qu’un succès limité. Le brut Brent est retombé vers 83 dollars le baril au cours des deux dernières semaines, entraînant avec lui le diesel, les traders se concentrant sur les menaces plus larges qui pèsent sur l’économie mondiale et un éventuel ralentissement de la demande de pétrole.

Le diesel est le carburant de référence de l’économie mondiale, jouant un rôle crucial dans le fret, le transport maritime et l’aviation. Les dérivés du diesel, comme le mazout, sont particulièrement sensibles aux flambées des prix hivernales. Mais elle est également sensible aux signes de ralentissement de la production industrielle.

Des inquiétudes subsistent quant au fait que le président russe Vladimir Poutine tentera d’utiliser l’influence de la Russie sur le marché pétrolier pour influencer les élections américaines, Trump ayant indiqué qu’il tenterait de forcer l’Ukraine à négocier avec Moscou.

La Russie réduit déjà ses approvisionnements en brut dans le cadre d’un pacte avec l’Arabie saoudite et le groupe Opep+, qui a contribué à propulser le pétrole à la hausse au cours de l’été. La hausse des prix du pétrole est considérée comme susceptible de stimuler l’inflation, que les banques centrales tentent de maîtriser.

Moscou a imputé la responsabilité des pénuries locales lorsqu’elle a imposé l’interdiction des exportations de diesel et d’essence le mois dernier, après avoir réduit le montant des subventions accordées aux compagnies pétrolières russes pour la vente de carburant à prix réduit sur le marché intérieur.

Cette interdiction a été considérée par certains analystes comme un coup de semonce lancé aux compagnies pétrolières russes pour s’assurer que les prix intérieurs n’augmentent pas trop, alors que Poutine sera confronté à sa propre élection l’année prochaine.

Le Kremlin avait qualifié l’interdiction de « temporaire » lorsqu’elle a été introduite, mais n’a donné aucun délai pour la fin des mesures.

Les restrictions sur les exportations d’essence, dont la Russie est un exportateur bien moindre, restent en vigueur.

L’UE et les États-Unis ont largement interdit les importations de carburant raffiné russe depuis février, obligeant Moscou à réorienter ses ventes vers la Turquie et les pays d’Afrique du Nord et d’Amérique latine.

Les économies avancées du G7 ont également tenté d’imposer un plafonnement des prix sur les ventes de pétrole russe, tandis que les pays occidentaux ont augmenté leurs importations de diesel en provenance d’Inde et du Moyen-Orient.



ttn-fr-56