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Les populistes de droite suisses étaient sur le point de réaliser l’une de leurs meilleures performances aux élections législatives de dimanche, alors que les électeurs abandonnaient la politique verte en raison des craintes liées à l’immigration et à la hausse des coûts de l’énergie.
L’UDC, conservateur et pur et dur, devrait obtenir 29,1 pour cent des voix aux élections au Conseil national, la chambre basse du Parlement, après la proclamation de 95 pour cent des résultats des circonscriptions. Ce résultat est en passe de devenir le deuxième meilleur résultat de l’histoire récente du parti, après avoir remporté 29,4 pour cent des voix en 2015.
Le résultat a été un « net glissement vers la droite », a déclaré Thierry Burkart, chef du parti libéral FDP, favorable aux entreprises. Les libéraux ont enregistré leur pire résultat, avec une victoire de seulement 14,5 pour cent. Les électeurs ont envoyé «un signal et un mandat», a déclaré Burkart à la télévision suisse.
Les plus grands perdants de la soirée ont été les deux partis verts suisses, dont la part cumulée des voix est passée de 21 pour cent à 16 pour cent.
Plusieurs semaines de joutes politiques suivront désormais sur la manière dont les résultats parlementaires se traduiront par un changement de gouvernement.
Traditionnellement, un exécutif de sept personnes, le Conseil fédéral, est composé de membres des quatre plus grands partis dans un rapport de sièges déterminé : 2-2-2-1. Des questions ont été soulevées ces dernières années, dans un contexte de turbulences politiques, sur la répartition des sièges, et les résultats de dimanche risquent de déclencher une nouvelle crise de polémique sur la légitimité du modèle.
Le nouveau Parlement votera sur les sièges du Conseil fédéral à la mi-décembre.
Bien que l’UDC soit depuis longtemps une force dominante dans la politique suisse – et n’a pas l’ambition de perturber l’ordre politique existant – sa forte performance est un signe de désaffection de l’électorat après quatre années turbulentes.
L’UDC s’est opposé aux restrictions liées au Covid-19 et a plus récemment vivement critiqué la participation aux sanctions contre la Russie, qui, selon lui, ont alimenté la hausse des prix de l’énergie et compromis une sacro-sainte tradition de neutralité géopolitique.
Les préoccupations intérieures ont dominé la campagne, l’UDC ayant eu l’impact le plus visible. Des affiches à travers le pays promettaient de plafonner la population et d’empêcher qu’elle atteigne 10 millions de personnes. La Suisse en compte actuellement 8,7 millions.
Le parti a également fait campagne avec acharnement contre ce qu’il a décrit comme un « terrorisme de genre » – en référence au débat sur les droits des transgenres – et une politique climatique verte « radicale ».
La victoire de l’UDC inversera un virage à gauche spectaculaire dans la politique suisse qui s’est produit lors des dernières élections fédérales de 2019. Elle pourrait également affecter les questions internationales sensibles à venir pour le pays, notamment ses relations déjà tendues avec l’UE et sa position sur les sanctions économiques contre la Russie.
Le Parti social-démocrate (SP), le deuxième plus grand groupe suisse, devrait légèrement augmenter sa part à 17,8 pour cent, soit son deuxième pire résultat.
Le large spectre politique de la Suisse et sa structure constitutionnelle particulière signifient que le Parlement joue un rôle secondaire, renvoyant la plupart des décisions législatives aux référendums nationaux. Toutefois, des changements significatifs dans la carte électorale sont inhabituels.
Les élections confirment la résurgence des populistes dans les urnes à travers l’Europe : en Allemagne, au début du mois, l’AfD, anti-immigrés, a remporté de gros succès lors des élections en Bavière et en Hesse, loin de ses bastions à l’Est. En Autriche, le Parti de la liberté d’extrême droite est en tête des sondages depuis des mois, accumulant des victoires régionales avant les élections nationales de l’automne prochain.