Les politiciens qui sortent avec des accords qui n’existent pas (encore) ou qui déplacent leur responsabilité ne font qu’empirer les choses

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Bart Eeckhout14 septembre 202218:42

Son collègue Joël De Ceulaer a critiqué à plusieurs reprises les commentaires dans lesquels la politique est assimilée à une pépinière embarrassante. Il trouve cette critique trop paresseuse et trop facile. Il a raison. De nos jours, l’homme et le monde ont tendance à tomber dans sept écluses à la fois. La « politique » est alors censée résoudre toutes ces crises complexes. Et si cela ne fonctionne pas, il n’y a pas moyen d’arrêter la critique des « blutters ». Il n’y a rien de mal à une certaine compréhension et à une critique raisonnée.

Toujours. Et pourtant, on ne peut s’empêcher de remarquer que les principaux politiciens du pays affichent une image insatisfaisante d’eux-mêmes dans la gestion de la crise énergétique. C’est un jugement qui s’applique à de nombreux politiciens de tous les partis et de tous les gouvernements. Le fait que cette crise soulève des questions extrêmement difficiles est tout à fait exact. C’est vrai aussi qu’il n’y a pas de solutions miracles. Personne ne dit que c’est facile, mais beaucoup de nos politiciens ont tendance à rendre la situation un peu plus difficile. Aussi pour eux-mêmes.

Prenez la communication sur le prix plafond européen du gaz. Ce plafonnement des prix interviendrait après qu’une majorité des ministres de l’énergie de l’UE se soient déclarés en sa faveur. Une percée européenne dont notre ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Vert) et notre Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) se sont targués. (Honneur qui leur a été trop volontiers accordé par une partie de la presse nationale, dont la critique médiatique est justifiée). Il est maintenant devenu évident que le plafond des prix est loin d’être là. Quiconque lit entre les lignes de la décision décisive de la Commission européenne sait également que cela n’arrivera peut-être jamais.

C’est douloureux. Parce que maintenant les mêmes politiciens doivent expliquer pourquoi une annonce, pour laquelle ils ont laissé tourner toute la machine de propagande du parti, ne se réalise pas. L’indignation est grande dans l’opinion publique qui attend une sortie de crise. Et l’indignation est justifiée.

Mais prenez aussi le gouvernement flamand, où le ministre compétent Zuhal Demir (N-VA) limite encore largement la politique énergétique à se moquer du gouvernement fédéral et à se réjouir de ses problèmes. Alors que les partenaires de la coalition implorent une politique d’accompagnement supplémentaire, le cabinet de l’énergie reste silencieux. Le fait que le fédéralisme de sabotage et de perte de temps continue d’être la norme, même en temps de crise, est également une source d’indignation. C’est tout aussi bien.

Et c’est sans parler de la sortie du nucléaire, à propos de laquelle les politiciens veulent désormais faire voter une loi d’urgence, presque littéralement un jour avant la fermeture de la première centrale. Alors que d’autres politiques se réjouissent déjà de ce retard, alors qu’eux-mêmes ont approuvé le calendrier de clôture.

Pourquoi les politiciens font-ils cela de toute façon ? C’est peut-être la panique. Ils ressentent la pression du public et proposent donc des accords qui n’existent pas (encore) ou mettent toute leur énergie dans le transfert des responsabilités. Cela ne fait qu’empirer les choses. Car une loi importante dans la communication de crise est encore : dire la vérité calmement.



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