Les poèmes et le papier ont une relation fantaisiste. Un poème profite de l’espace du souffle. Cela est particulièrement vrai pour les poètes de la création parlée. Dans la collection ‘Fast speak woman’ d’Anne Waldman, pionnière du genre, l’énergie jaillit de la page. Il n’y a pas d’autre moyen de lire ce volume qu’à haute voix, rapidement, sans faire de pause. Après un certain temps, vous vous retrouvez automatiquement dans un état d’esprit différent. La même énergie gronde dans le premier recueil ‘You don’t just dream it’ de Myron Hamming, le poète de la ville de Groningue en ce moment.
Hamming s’adresse à son lecteur au début. Il veut transmettre quelque chose : « l’urgence de vos propres rêves ». C’est à la fois le thème et la force qui propulse ses poèmes vers l’avant. Mais comment faites-vous cela, déclarez vos rêves urgents ? Dans un monde qui ne fait que vous servir des rêves tout faits ?
Le voyage de Hamming est long. Par la répétition dans le langage et à travers des images qu’il développe pas à pas, il cherche un point de référence : « Je me souviens comment / j’ai pu deviner l’heure où le soleil a retrouvé / le matin la plus petite fenêtre de la cuisine ». Dans cette maison parentale il espère rencontrer son frère et qu’il lui demandera où il va : ‘ et je lui dirais : / aucune idée et il: / oui, je comprends que .’
L’écriture joue un rôle important. Parce que même s’il souhaite un livre qui explique clairement « comment l’enfant en moi / n’a jamais appris à se cacher », il se rend compte que le langage ne peut pas faire cela. Les choses peuvent ne pas être dites. Il y a la prochaine étape : ‘le mince bord à l’horizon / n’est pas une destination, mais votre défi ; / si vous osez rêver plus loin.
Une fin est en vue. Par tâtonnements, où il y a parfois trop de répétitions : « n’attendez pas une destination, n’attendez pas une arrivée / n’attendez pas des montagnes (…) ». Ou une image captivante d’une pensée en cage qui aurait pu être développée davantage. Mais le moteur reste jusqu’au bout. Et voici également une réponse à la question de savoir comment déclarer les rêves urgents :
pour voir comment tu vas pendant que le monde
tire sur toi et tu restes immobile à toi-même et tu penses
je connais cette tempête
Je reconnais encore ce ciel
En tant que poète de la création parlée, Myron Hamming a réalisé une collection saisissante sur papier. De temps en temps, un poème aurait pu être plus court, une image aurait pu recevoir plus d’attention. Mais les poèmes eux-mêmes vont comme un train. Avec cet appel réconfortant au lecteur : osez rêver.
Empaqueter
Titre Vous ne faites pas que le rêver Auteur Myron Hamming Éditeur Ambo/Anthos Prix 20 euros (112 pages)
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