« Les placements d’enfants hors du foyer familial ne peuvent plus être tacitement prolongés »


Des milliers de placements d’enfants hors du foyer familial sont prolongés chaque année sans la participation des parents, affirment les avocats de la jeunesse. Pour arrêter cela, ils lancent un procès contre les juges qui rendent cela possible. « Un abonnement d’essai à Donald Duck ne peut pas simplement être prolongé. »

Le point sensible est ce qu’on appelle la lettre de notification, qui peut être envoyée pour des prolongations annuelles des placements hors du foyer familial. Les parents qui reçoivent une telle lettre lisent qu’ils doivent s’indiquer s’ils souhaitent que le tribunal envisage la prolongation d’une mesure de protection de l’enfance lors d’une audience. Les familles qui bénéficient d’une assistance obligatoire au titre d’une ordonnance de surveillance peuvent également recevoir une telle lettre de notification. Les parents qui ne reçoivent pas, ne lisent pas ou ne comprennent pas cette lettre pourraient rater l’occasion de contester la prolongation.

Il n’existe pas de chiffres précis indiquant la fréquence à laquelle les placements hors domicile sont prolongés sans audience judiciaire. Reinier Feiner, avocat spécialisé en droit de la jeunesse, estime qu’il existe des milliers de cas concernés. Des affaires dans lesquelles, estime-t-il, le pouvoir judiciaire « enfreint sciemment la loi » en décidant de mesures drastiques sans l’implication des parents.

Parents vulnérables

Feiner, qui en plus d’être avocat est également président de l’Association néerlandaise de défense sociale, souhaite désormais imposer le changement par le biais d’une procédure judiciaire. « Le fait est que vous avez affaire à des parents vulnérables. Certains ont des dettes et sont sous administration. Tout le monde n’ouvre pas le courrier, tout le monde n’est pas alphabétisé. Pour d’autres, l’adresse correcte n’est pas du tout connue. Pourtant, la justice continue d’envoyer ces lettres. Parfois par courrier recommandé, mais parfois aussi par courrier ordinaire, donc on ne sait pas s’ils arriveront.

Juge des enfants Susanne Tempel © Conseil de la Magistrature

La lettre de notification est également controversée au sein du pouvoir judiciaire. Le juge pour enfants du nord des Pays-Bas, Bart Tromp, également professeur et chercheur à l’université de Groningue, a récemment publié la lettre de rapport dans une revue juridique. Dans ses publications, il affirme qu’il s’agit d’une procédure extralégale. Tromp a également fait une comparaison avec la réglementation relative à l’extension d’un abonnement d’essai à Donald Duck. Cela ne peut pas être tacitement prolongé, mais un placement hors du domicile peut le faire. Silencieux, car le juge n’a pas parlé à l’enfant et aux parents.

« Il n’est parfois pas nécessaire de s’asseoir »

Mais c’est bien trop simpliste, estime la juge pour enfants Susanne Tempel de Breda, qui souligne que la lettre de notification n’est envoyée que si l’assistance à la jeunesse indique que les parents acceptent une prolongation. « Je me sens insulté quand on dit qu’il s’agit d’une prolongation tacite. Même s’il n’y a pas d’audience, j’évalue si une ordonnance de placement hors du domicile ou de surveillance doit être prolongée. Cela peut également être fait à l’aide de fichiers. Je vérifie également si les parents sont effectivement d’accord et si la lettre a été envoyée à la bonne adresse. Si ce n’est pas le cas, il y aura quand même une audience. Mais parfois, une audience n’est pas nécessaire.

Tempel souligne également les tensions qu’une audience peut provoquer pour les parents et que les parents qui ont demandé une audience ne se présentent pas toujours. « C’est une perte de temps prévu au tribunal, alors que les juges sont déjà très occupés. » Mais dans le même temps, les juges aux affaires familiales sont arrivés l’année dernière à la conclusion que la lettre de notification devait peut-être être révisée, après avoir examiné leurs propres performances et qu’il s’est avéré que la protection juridique des parents chargés de l’assistance à la jeunesse était insuffisante. « Une demande de financement est actuellement soumise au ministère pour mettre en œuvre les premières recommandations », précise Tempel. Il s’agit de 9 millions d’euros.


Alors que les listes d’attente dans les services d’aide à la jeunesse continuent de s’allonger, il convient d’évaluer de manière plus critique s’il est encore possible d’étendre les mesures de cette manière.

Reinier Feiner, avocat en droit de la jeunesse

Combien sont-ils?

Selon Tempel, environ 12 000 demandes de prolongation d’ordonnance de surveillance et de placement hors domicile ont été traitées aux Pays-Bas l’année dernière, dont 27 pour cent (environ 3 200) ont été réglées en dehors d’une audience, dit-elle. « Ce n’est pas dans tous les cas que cela s’est produit parce qu’il n’y a pas eu de réponse à une lettre de rapport. »

Si la procédure finit par changer, il faudra réfléchir à la manière dont le nombre supplémentaire d’audiences sera pris en compte, souligne Tempel. Le Conseil de la Magistrature souligne que même si la lettre de notification n’est pas réglementée par la loi, elle est rendue possible par les règles dites de procédure des tribunaux. Remarquable : dans le même temps, le tribunal de Groningue ne fonctionne plus avec des lettres de notification, Assen et Leeuwarden suivront bientôt, a déclaré le tribunal du nord des Pays-Bas, « parce qu’ils n’ont aucune base légale ».

L’avocat Feiner ne s’en soucie pas. Il en a marre d’attendre. Reste à voir comment il pourra imposer un changement parmi les juges. Mais grâce à une fondation créée au nom d’un journaliste décédé qui écrivait sur l’aide à la jeunesse, un procès peut être financé. « D’autant plus que maintenant que les listes d’attente dans les services d’aide à la jeunesse s’allongent et qu’il faut parfois attendre un an avant de commencer l’aide à une famille, il convient d’évaluer de manière très critique s’il est encore possible d’étendre les mesures de cette manière. »



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