Les petits agriculteurs bio battent le grand industriel Fernand Huts

L’histoire remonte à 2016. Ensuite, le CPAS de Gand a décidé de vendre quelque 450 hectares de terres agricoles fertiles en Zeeuws-Vlaanderen afin de pouvoir les utiliser pour construire un nouveau centre de soins résidentiels et un centre de services local dans la ville, parmi autres choses.

« Par souci de commodité », les plus de 70 parcelles ont été proposées en un seul lot. Le CPAS craignait qu’avec une vente à la parcelle il ne leur reste quelques parcelles utilisables en moins. Au final, Bijloke BV, une société d’investissement de Fernand Huts, a acheté la totalité de la travée pour 17,5 millions d’euros par l’intermédiaire d’un homme de paille. Huts heureux et CPAS de Gand heureux.

Ceux qui n’étaient pas contents étaient Annelies Marchand et son mari Pieter Van Poucke. Deux agriculteurs bio de Doorselaar près de Lokeren qui sont connus dans la région pour leur excellente côte à l’os. Et auraient également aimé acheter une parcelle de cette terre fertile pour pouvoir cultiver leur propre fourrage. En raison de la décision de Gand de tout voir comme un seul lot, les petits agriculteurs comme eux n’avaient aucune chance. Car seul le Fernand Hutsen de ce monde peut mettre autant de millions d’euros sur la table.

Ce qui a suivi a été une bataille juridique de plusieurs années. Entre-temps, les agriculteurs bio sont également devenus des figures de proue de la lutte pour une agriculture durable et locale. Les agriculteurs ont de plus en plus de mal à trouver de bonnes terres, car ils doivent souvent concurrencer de riches spéculateurs.

Et maintenant, les agriculteurs biologiques ont eu raison par la Cour d’appel. Elle a jugé que le couple avait bel et bien subi un préjudice, car il lui était impossible de concurrencer un grand industriel.

Le tribunal était également particulièrement préoccupé par le prix que Huts devait payer. Ce prix était bien inférieur aux valeurs précédemment estimées du terrain. Selon Nic Reynaert, avocat des agriculteurs bio, il était estimé à 22,5 millions d’euros. « C’est une véritable aide de l’Etat de 5 millions d’euros », précise-t-il.

Un raisonnement suivi par le tribunal. « La faute du CPAS de Gand est d’avoir illégalement accordé à Bijloke BV un avantage que cette dernière n’aurait pas pu obtenir dans des conditions normales de marché », a jugé le tribunal dans son arrêt, dans lequel il a annulé la vente du terrain.

Comment procéder est très flou. Les agriculteurs bio applaudissent et Fernand Huts n’en dort peut-être même pas. Mais pour le CPAS de Gand, le jugement est un coup dur. Les 17,5 millions d’euros de la vente sont déjà investis depuis longtemps.



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