Les perspectives de croissance et d’inflation de l’UE se dégradent avec la crise énergétique


Bruxelles est sur le point de revoir à la baisse ses prévisions de croissance et de relever ses perspectives d’inflation alors que la crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie pèse lourdement sur l’économie de l’UE.

L’UE et la zone euro devraient connaître une croissance de 2,7% cette année, bien en deçà des attentes précédentes de 4%, selon un projet de prévisions de la Commission européenne qui sera publié lundi. La croissance devrait être de 2,3 % en 2023.

L’inflation devrait dépasser 6% dans l’UE et la zone euro cette année, certains pays d’Europe centrale et orientale devant connaître des hausses de prix à deux chiffres en 2022.

L’inflation de la zone euro devrait tomber à 2,7 % en 2023. Mais ce chiffre reste supérieur à l’objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne, ce qui souligne le délicat exercice d’équilibre auquel sont confrontés les décideurs dans un environnement de croissance tiède et de flambée des prix.

La semaine dernière, la présidente de la banque centrale, Christine Lagarde, a annoncé qu’elle soutiendrait une augmentation du principal taux d’intérêt en juillet, ouvrant la voie à la première augmentation depuis plus d’une décennie. La commission prévoyait précédemment que l’inflation reviendrait en dessous de l’objectif de la BCE l’année prochaine.

Les coûts de l’énergie ont grimpé en flèche et la confiance a faibli à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Les États membres de l’UE ont imposé cinq séries de sanctions et sont actuellement en train de chercher à finaliser un paquet visant le secteur pétrolier. Ces mesures doivent cependant encore être convenues, étant donné la résistance des États membres de l’UE fortement tributaires du pétrole russe, notamment la Hongrie.

Les responsables de la Commission restent engagés dans des pourparlers avec Budapest, ainsi qu’avec la République tchèque et la Slovaquie, sur des conditions spéciales pour les aider à se sevrer de l’énergie russe.

Alors que l’économie européenne devrait encore se développer cette année, la commission a souligné qu’une partie de la croissance était due à une impulsion statistique provenant de l’élan qui s’est accumulé l’année dernière. Les menaces à la croissance, quant à elles, se multiplient.

Le projet d’analyse de la commission suggère que s’il y avait une réduction pure et simple de l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie, associée à une hausse des prix des matières premières énergétiques, l’économie subirait encore plus de dommages.

La croissance cette année serait abaissée de 2,5 points de pourcentage à seulement 0,2 % dans ce scénario, tandis qu’un point de pourcentage serait amputé des prévisions de croissance pour 2023. L’inflation serait de 3 points de pourcentage supérieure à la projection de référence en 2022 et d’un point de pourcentage supérieure en 2023.

Certains économistes veulent que la Commission européenne annonce une nouvelle suspension de ses règles sur le déficit et la dette l’année prochaine.

Outre les prix de l’énergie, qui ont augmenté de 38 % en glissement annuel en avril au zone euroles ménages sont touchés par la hausse des prix des aliments, qui ont augmenté de plus de 6 % au cours de la même période.

La production industrielle est toujours entravée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Le dur confinement imposé par la Chine au Covid-19 nuit davantage au commerce mondial, tandis que les perspectives américaines sont de plus en plus incertaines compte tenu de la nécessité pour la Réserve fédérale de réprimer l’inflation sans imposer une répression trop brutale de l’activité.

Malgré les perspectives difficiles, la commission s’attend toujours à ce que le chômage continue de baisser suite à la flambée induite par Covid-19. Le taux de chômage passera de 7,7% l’an dernier à 7,3% en 2022 dans la zone euro, selon le projet de prévisions, avant de redescendre à 7% en 2023.

Les soldes budgétaires devraient également s’améliorer progressivement. Le déficit budgétaire global de la zone euro devrait passer de 5,1 % du PIB l’an dernier à 3,7 % cette année et à 2,5 % en 2023.



ttn-fr-56