La plate-forme de connaissances veut se débarrasser des « stigmates et des idées fausses simplistes ». Lesquels?
« Peut-être que la plus grande idée fausse est que lutter contre le surpoids consiste simplement à manger moins et à faire plus d’exercice. L’accent est désormais trop mis sur l’importance d’un mode de vie sain et sur la responsabilité des personnes elles-mêmes. Ne vous méprenez pas : la prévention – une alimentation saine et une activité physique suffisante – est extrêmement importante. Mais ce conseil n’est pas suffisant pour un grand groupe de personnes déjà en surpoids.
Comment est-ce arrivé?
« Le tissu adipeux n’est pas seulement une réserve de calories en excès, mais un organe qui produit des hormones, communique avec le reste de notre corps et fait tout ce qu’il peut pour se maintenir. Il le fait, par exemple, en stimulant la sensation de faim et en réduisant la sensation de satiété lors d’une tentative de perte de poids. Cela explique pourquoi il est si difficile de perdre du poids et pourquoi les kilos durement perdus sont rapidement récupérés après un régime.
Il ne s’agit pas d’un manque de volonté, soulignez-vous.
« Pas du tout. Je suis souvent frappé par le fait que le mode de vie de mes patients n’est pas beaucoup plus malsain que le mien. J’ai juste de la chance de ne pas être en surpoids facilement.
« L’obésité est une condition complexe dans laquelle de nombreux facteurs jouent un rôle. Il y a une composante génétique importante. La meilleure façon de prédire votre poids dans 20 ans est de regarder vos parents. Nous savons que la prise de poids est un effet secondaire potentiel majeur des médicaments psychotropes, tels que les antidépresseurs. Le manque de sommeil et le stress augmentent également le risque d’obésité. Ajoutez à cela notre environnement d’engraissement, qui encourage une alimentation malsaine, et il est clair que bon nombre des causes sous-jacentes du problème en tant qu’individu sont hors de votre contrôle. »
Si les conseils de style de vie ne suffisent pas, que faut-il ?
« Nous voulons utiliser la plateforme pour promouvoir un traitement meilleur et plus précoce de l’obésité. Les médecins traitent désormais trop souvent les problèmes liés au surpoids et à l’obésité, comme les maux de dos ou le diabète. Bien qu’il soit plus logique de nommer et de traiter également la cause sous-jacente. Mais il y a trop d’appréhension pour en parler aux gens et aussi d’ignorance sur ce que vous pouvez faire en tant que médecin. Avec des conseils comme « manger moitié moins », un patient ne se sent vraiment pas aidé. En conséquence, les patients obèses ne reçoivent pas les soins auxquels ils ont droit.
Comment s’assurer que cela change?
« Notre première priorité est de déterminer quelles personnes bénéficieraient le plus d’un traitement. Il y a des personnes en surpoids et même obèses, qui sont par ailleurs en bonne santé et qui ont un équilibre normal en sucre et en graisses. Dans ce cas, il y a peu de raisons médicales d’intervenir, à moins qu’ils ne souffrent psychologiquement d’un excès de poids. D’autres sont moins en surpoids, mais ont des problèmes de santé plus latents.
« Nous voulons encourager les médecins généralistes à être plus proactifs et à orienter les gens vers le bon traitement. Les conseils en matière de régime alimentaire et de mode de vie peuvent être efficaces si vous êtes en surpoids modéré. Les patients à un stade plus avancé peuvent se rendre dans des cliniques spécialisées en obésité. Il existe également sur le marché des médicaments de plus en plus performants qui peuvent entraîner une perte de poids de 20% en ciblant la sensation de faim et de satiété. Mais contrairement à nos pays voisins, il n’est pas remboursé en Belgique. Notre pays est à la traîne à cet égard.
Le gouvernement est-il suffisamment conscient de l’urgence?
« J’ai l’impression que les décideurs politiques ont commencé à prendre le problème un peu plus au sérieux au cours des dix dernières années. Et je pense que Covid-19, qui a frappé les personnes obèses au-dessus de la moyenne, pourrait être un point de basculement. Il y a une prise de conscience croissante que la situation actuelle est intenable.