Les paysans! / Tout l’enfer


Parmi les groupes qui pourraient connaître une résurgence de carrière en 2024, peu auraient probablement pensé à Los Campesinos !, le groupe de bar collectif de Cardiff que nous avons rencontré en 2008 avec leur premier album « Hold On Now, Youngster… », pratiquant un mélange d’emo, de punk et de twee-pop qu’ils appelaient tweex-core. Nous sommes nombreux à tourner la page de Los Campesinos ! Cela fait un moment, mais sa base de fans n’a pas vraiment cessé de croître – et de se rajeunir – pendant tout ce temps. Et sans l’aide de TikTok ou de virus d’aucune sorte. En février dernier, Los Campesinos ! ils ont offert le concert le plus massif de sa carrière. Selon les mots de leur chef, Gareth David, « c’était vraiment fou ».

La résurgence du pop-punk est peut-être liée à la renaissance de Los Campesinos !. Ou peut-être que ses paroles sur les relations amoureuses, les crises diverses, la politique, la santé mentale ou le football, souvent pathétiques et pessimistes, passant souvent aussi de références cultivées à des coutumes pures, ont réussi à se connecter avec une nouvelle génération, de sorte que d’autres artistes ne peuvent que rêve. ‘All Hell’, le premier album de Los Campesinos ! dans 7 ans, vient de remporter le prix de la « Meilleure nouvelle musique » de Pitchfork et les critiques des médias sont excellentes. Le mérite est encore plus grand quand on découvre que ‘All Hell’ est un album entièrement autoproduit et autoproduit.

C’est précisément à leurs fans, spécifiquement aux plus insupportables qu’ils aient jamais eu, qu’ils dédient Los Campesinos ! un des extraits de « All Hell », « Clown Blood » ; ou, la tête flottante d’Orpheu’. David se présente comme un « marionnettiste parasocial » dans cette composition à la guitare qui ressemble au classique Fall Out Boy. Même si en réalité « All Hell » fait surtout penser à Los Campesinos ! toujours, à tel point qu’on a l’impression que l’album aurait pu sortir entre 2008 et 2012. Il semble d’une autre époque.

Il y a cependant plusieurs « enfers » décrits dans « All Hell ». ‘Adult Acne Stigmata’ -l’un des meilleurs titres de 2024- présente le concept de l’album à la toute fin, en utilisant une forme acoustique, apaisant les eaux. Ce dilemme entre l’espoir et son contraire qui a toujours traversé les paroles de Los Campesinos est à nouveau présent ici : « tu es si belle, le ciel est bleu, mais tu sais très bien que tout est l’enfer ».

Pour Los Campesinos, il n’y a aucun moyen d’échapper à la douleur dans un monde plongé dans le capitalisme, la montée de l’extrême droite et la dictature des playlists. À tous ces problèmes s’ajoute le plus grand de tous : être en vie. Ainsi, les chansons de « All Hell » se fondent dans une catharsis de guitare à presque toutes les occasions, y compris les arrangements de cordes qui enrichissent la production. Les deux quand ils deviennent urgents, comme dans « Holy Smoke (2005) », à propos de ce moment où vous réalisez que tous vos amis se sont mariés et ont des enfants et pas vous ; Comme lorsqu’ils deviennent grandioses et épiques, comme dans ‘A Psychic Wound’, Los Campesinos proposent de superbes chansons, même si elles sonnent comme des esclaves d’une autre époque.

Les tendances socialistes de ce groupe appelé après tout Los Campesinos ! sont déjà évoqués dans le morceau d’ouverture, ‘The Coin-Op Guillotine’, qui, dans la facette la plus épique et indie-rock du septet gallois, peint une image dystopique du monde incluant une référence à un poème de James Oppenheim de 1911. Dans l’écrasant « Long Throes », une autre des chansons accrochées au « in crescendo » de « All Hell », ils attaquent l’activisme punk et indirectement aussi les groupes punk qui se vendent quatre dollars (leurs fans dans Genius ont un idée à quel groupe ils font référence). Le tout aussi urgent « To Hell in a Handjob » parle de « l’apocalypse climatique et de l’écrasement des fascistes à coups de poing ».

Même si écouter « All Hell » aurait probablement eu plus de sens il y a dix ans, depuis les compositions de Los Campesinos ! Même si cela semble encore inspiré des premiers Arcade Fire ou Death Cab de Cutie, deux décennies plus tard, il ne fait aucun doute que Gareth David et ses acolytes ont produit des chansons solides sur cet album qui a mis tant d’années à arriver, et dans lequel on peut déjà être considérée comme la meilleure étape de sa carrière. Pour aggraver les choses, Los Campesinos ont déclaré – moitié en plaisantant, moitié sérieusement – que « All Hell » n’existe que parce que le groupe « est à court de choses à rééditer ». L’inspiration vient d’elle-même, tout comme la découverte d’une toute nouvelle base de fans.



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