Frenkie de Jong saute et frappe dans le vide d’un geste féroce. C’est à la moitié de la première mi-temps. Raison immédiate : un simple ballon le long de la ligne de touche sur Daley Blind a échoué car son coéquipier n’y comptait pas. Mais la frustration est plus profonde. Il touche beaucoup trop peu le ballon. De Jong, meneur de jeu, a toujours un adversaire (Piotr Zielinski) sur la lèvre. Il reçoit une tape douloureuse sur la cheville. Bref, ça ne marche pas. Pas avec lui, donc pas avec Orange, qui est mené 0-1. Et cela alors que l’entraîneur national – et tous ceux qui ont vu les Pays-Bas jouer contre les Belges la semaine dernière – avaient toujours un si bon pressentiment.
Ce bon sentiment ne disparaîtra pas complètement après le match de la Ligue des Nations contre la Pologne, qui s’est finalement soldé par un match nul 2-2. Tout comme plus tôt cette année contre l’Allemagne, l’Orange a fait preuve de résilience après avoir pris du retard. La mentalité – ou l’esprit selon les mots de Van Gaal – de son équipe est bonne, il peut conclure maintenant. Mais lorsque l’équipe nationale néerlandaise a joué contre le souverain belge, samedi soir au Kuip, elle avait l’air fragile et vulnérable.
Prenez le premier but des Polonais, après un peu moins de 20 minutes. Eh bien, ce n’était que la première évasion sérieuse, mais l’arrière droit Matty Cash – un Britannique avec un passeport polonais – a eu beaucoup de temps et d’espace de Blind pour entrer et sortir au bord de la surface de réparation. Bas, en diagonale à travers les jambes de Blind, frappez. La pression sur le ballon, sur laquelle Van Gaal insiste jour après jour, était indétectable. Même pas si près du but.
Le deuxième but, juste après la pause, a tout aussi facilement trahi les Pays-Bas. L’arrière-garde s’avance – trop tard –, le milieu de terrain Piatek envoie le ballon au-dessus de la défense depuis le milieu de terrain et deux attaquants polonais apparaissent juste devant le gardien Flek. L’attaquant de Napoli Piotr Zielinski peut le faire.
tourner
Cela n’aura sans doute pas été dû à la fatigue d’Orange. Van Gaal insiste toujours sur le fait qu’il ne veut pas surcharger ses joueurs. C’est pourquoi il tourne avec une équipe A et une équipe B, termes que le sélectionneur national évite. Les meilleurs onze ont débuté contre la Belgique (avec succès, victoire 1-4), il y a trois jours c’était au tour de la « fantôme » à Cardiff (moins convaincant, victoire 1-2). Et donc samedi soir face à la Pologne, l’équipe de base reprenait le coup d’envoi. Seule différence : Stefan de Vrij a remplacé le capitaine Virgil van Dijk, qui s’est vu accorder un congé après une longue et épuisante saison à Liverpool. Et Mark Fleks a pris la place de Jasper Cilissen.
Selon les physiologistes de l’exercice, la rotation est le seul moyen de traverser de manière responsable cette tournée de quatre matchs de la Ligue des Nations en deux semaines. Seul problème : les adversaires font de même, avec pour résultat que l’équipe A d’Orange a frappé samedi soir une Pologne un peu défectueuse. Sans le footballeur mondial de l’année (2021) Robert Lewandowski, qui avait été mis au repos après la punition en milieu de semaine contre la Belgique. Un adversaire affaibli pourrait être sympa dans un tournoi final, dans la poignée de matchs qui restent en préparation de la Coupe du monde pour préférer ses adversaires de premier ordre. Ils exposent sans pitié toutes les faiblesses.
sans inspiration
Mais la Pologne a parfaitement réussi même sans Lewandowski. Contrairement à la Belgique, la Pologne, bruyamment encouragée par des milliers de supporters polonais dans les tribunes, a sombré loin. Les Pays-Bas ne savaient pas quoi en faire. Surtout pas en première mi-temps. Aussi créatif et dynamique qu’était Orange à Bruxelles, il était parfois si raide et sans inspiration face à la Pologne. Même le capitaine Memphis Depay, auteur d’un doublé face aux Belges, errait. Il s’est retrouvé coincé, était hors-jeu, a tiré des balles comme ça par-dessus la ligne de touche ou dans les pieds de l’adversaire. Et il a raté un penalty juste avant la fin (donné pour les mains).
C’était déjà 2-2, après des buts de Davy Klaassen et Denzel Dumfries. Klaassen a pu taper après un centre de Blind, Dumfries après une combinaison fluide qui a commencé par une belle passe arrière de Nathan Aké. Dès lors, aucune des deux équipes n’a eu plus de contrôle sur le match et le match a pris un rythme qui a cruellement manqué dans les 50 premières minutes. C’était un petit miracle qu’il n’y ait plus de buts marqués.
La grande question est de savoir quelles leçons Van Gaal tire de ce match face à la Pologne. « Si nous le faisons bien, nous aurons un homme de plus partout sur le terrain », déclare Van Gaal à propos du système avec deux « wingbacks » fumants (Dumfries et Blind) qu’il veut faire entrer dans l’Orange sous une grande pression de temps. Orange y est de plus en plus adepte, constate Van Gaal lors des entraînements. Mais contre un adversaire défensif qui a épinglé le meneur de jeu Frenkie de Jong, il n’en est rien sorti.
Van Gaal a encore trois jours pour apporter des améliorations. Le Pays de Galles attend mardi, après quoi les joueurs partent en vacances.