Les Pays-Bas se joignent à l’Espagne et à la Pologne pour renoncer au traité sur l’énergie


La rébellion s’est intensifiée parmi les pays de l’UE à propos d’un traité international sur l’énergie qui donne aux multinationales le pouvoir de poursuivre les gouvernements, alors que les Pays-Bas sont devenus le troisième pays à annoncer son intention de se retirer d’un pacte qui, selon lui, contrecarre les plans de lutte contre le changement climatique.

Les Pays-Bas ont rejoint la semaine dernière une initiative de l’Espagne, suivant les traces de la Pologne, en se préparant à sortir du traité sur la Charte de l’énergie qui visait à protéger les investissements énergétiques internationaux par des entreprises ou des particuliers étrangers. L’Italie s’est retirée en 2016 mais reste liée par une clause de temporisation de 20 ans.

Les militants disent que le pacte, conçu dans les années 1990 pour encourager les investissements après la guerre froide, est devenu un obstacle à la réduction des gaz à effet de serre produits par les projets de charbon, de pétrole et de gaz.

Les investisseurs peuvent poursuivre les gouvernements s’ils pensent que leurs actifs sont menacés par des modifications législatives ou politiques. Le traité couvre plus de 50 pays, y compris l’UE en tant que bloc.

Le gouvernement néerlandais a déclaré mardi que le traité n’était pas aligné sur l’objectif de l’accord de Paris sur le climat de limiter le réchauffement climatique à « bien en dessous » de 2 ° C, et idéalement de 1,5 ° C, depuis l’époque préindustrielle.

Trois groupes énergétiques, dont l’allemand RWE, poursuivent trois gouvernements européens pour des décisions d’ordonner la fermeture de centrales au charbon, d’empêcher le développement de projets spécifiques ou d’exiger une évaluation de l’impact environnemental.

RWE a ciblé les Pays-Bas sur la décision du pays d’éliminer progressivement la production d’électricité au charbon d’ici 2030. La société a annoncé ce mois-ci qu’elle mettrait fin à la production d’électricité au charbon en Allemagne d’ici 2030, mais elle a déclaré qu’elle n’abandonnerait pas les poursuites contre les Néerlandais.

En août, le britannique Rockhopper a remporté environ 250 millions d’euros dans une affaire qu’il a intentée contre l’Italie concernant un projet de gisement de pétrole dans la mer Adriatique. Malgré son retrait du traité, l’Italie reste soumise à une clause qui lie ceux qui partent à ses règles pendant encore 20 ans.

Un processus de «modernisation» du pacte est en cours depuis 2018, et les militants ont déclaré que le texte révisé devait mettre fin aux protections des investissements dans les combustibles fossiles.

Un accord de principe a été trouvé en juin, mais le texte, qui n’a pas encore été ratifié, continuerait à protéger les investissements dans le charbon, le pétrole et le gaz dans l’UE et au Royaume-Uni pendant 10 ans après son entrée en vigueur. Cela protégerait également les nouveaux investissements dans les combustibles fossiles réalisés avant août 2023.

Les États membres de l’UE sont dans une lutte acharnée pour savoir s’ils doivent approuver le traité mis à jour. Ce mois-ci, la Belgique a déclaré qu’elle s’abstiendrait de voter sur la question de savoir si l’UE devait approuver le texte, car il n’y avait « pas de consensus intra-belge » parmi les législateurs.

Alors que certains soutenaient le texte, d’autres estimaient qu’il était « insuffisamment ambitieux » et souhaitaient que l’UE se retire complètement du traité, selon un document gouvernemental consulté par le FT.

L’Allemagne envisage également de s’abstenir lors du vote de l’UE sur le texte mis à jour, tout comme la France, qui souhaite qu’un bloc de pays de l’UE se retire en tant que groupe, selon le libéral français Pascal Canfin, qui préside la commission de l’environnement du Parlement européen. Si suffisamment de pays s’abstiennent ou votent contre le texte, la Commission n’obtiendrait pas le soutien de l’ensemble de l’UE.

La position de la Commission européenne est que le traité ne peut pas être utilisé par un État membre de l’UE contre un autre.

Bruxelles a soutenu la décision de l’Espagne de contester la légalité des dommages-intérêts accordés en vertu du traité aux investisseurs basés dans l’UE. Bon nombre de ces affaires ont été intentées par des entreprises d’énergie renouvelable, après que le pays a modifié son régime de soutien aux énergies propres.

Les partisans du traité disent qu’il protège les investisseurs dans les projets renouvelables. Cependant, la Fédération européenne des énergies renouvelables a appelé l’UE à quitter le traité.

Le texte révisé du traité stipule qu’il « ne s’appliquera pas » entre les membres de la même « organisation d’intégration économique régionale », telle que l’UE. Cependant, tous les signataires doivent l’approuver à l’unanimité pour que le texte révisé soit adopté. Une réunion est prévue le 22 novembre.

Reportage supplémentaire de Barney Jopson à Madrid

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