Les œuvres tant attendues de Marijke van Warmerdam s’attardent dans le cliché

L’artiste Marijke van Warmerdam (1959) a fait fureur dans les années 1990, lorsqu’une scène avec un sac en plastique dans le film beauté américaine (1999) a réchauffé l’ambiance. Ce petit rien qui danse dans le vent – ​​si bien vu par le réalisateur Sam Mendes – était la plus belle scène de ce long métrage.

L’artiste Marijke van Warmerdam, formée à l’origine comme sculpteur, a une affinité avec une telle beauté, soi-disant trouvée par hasard. Le poirier gribouillant d’une fille, les jambes levées et redescendues ; un homme clignant des yeux sous la douche, un ballon de football rebondissant sur la tête d’un garçon, un ours vacillant dans l’encadrement d’une porte. Sous les yeux du spectateur, ces images sont devenues des moments de pure poésie. Le mouvement semblait se solidifier dans les boucles de Van Warmerdam. Tout ce qui s’était passé était sur le point de se reproduire. Et la caméra ? Il semblait caresser.

Mais maintenant, c’est bien des années plus tard. Le dernier grand solo de Marijke van Warmerdam aux Pays-Bas remonte à 2011. C’est pourquoi les gens l’attendaient avec tant d’impatience. Alors, maintenant et alors, un aperçu des travaux récents, organisé par le Centraal Museum d’Utrecht et la Hartwig Art Foundation sur le domaine Oud-Amelisweerd. L’artiste y projette désormais seize films, principalement des boucles courtes, qu’elle a tournés en 2017 lors d’un séjour de plusieurs mois à Rome. Sander Snoep était responsable du travail de caméra.

Rome attrayante

Ce tour d’horizon, je le dis tout de suite, est décevant. Et cela malgré l’attrait de Rome, avec ses nombreuses couches d’histoire cachées dans les pierres au-dessus et au-dessous du sol, l’agitation tonitruante, le silence nocturne et l’absurdité que Fellini a si magistralement dépeints. Van Warmerdam y touche, superficiellement.

Les qualités abstraites et poétiques, comme dans son travail plus ancien, reviennent à de rares moments. L’essaim de moustiques qui brille d’or dans un projecteur pointu en bref Bzzzzzz (2021) par exemple, est d’une beauté exceptionnelle et bien vue. Les prises de vue du célèbre Stadio dei Marmi, qui fait partie du complexe ouvert par Mussolini en 1932, sont magnifiques – avec le lent balayage des statues de marbre néoclassiques qui entourent l’hippodrome. Mais Ces jours, ces jours (2021), comme le film s’appelle, part bientôt pour une visite kaléidoscopique de Rome. Ce voyage vous fait passer par des couples amoureux, des excursionnistes, des groupes de touristes qui traînent derrière leur guide, le panthéon. Le look est gourmand, comme le dit le catalogue, mais est-il aussi surprenant ou émouvant ?

extérieur

En vous promenant dans les salles d’Oud-Amelisweerd, vous participerez à d’autres visites de ce type. Vous regardez de l’autre côté du Tibre l’agitation de l’autre rive. Vous montez dans une voiture, faites le tour des ronds-points, jetez un coup d’œil sur les autres usagers de la route au volant, passez devant les murs de la ville, les touristes, les chasseurs de bonnes affaires – jusqu’à ce que vous ayez presque le mal de voiture. A l’arrière d’une moto, entrez rapidement dans votre tunnel, sortez du tunnel. Ils freinent, s’arrêtent, crient, la lumière devient sombre et la lumière redevient claire. Il y a des mouvements de caméra spéciaux de dédoublement et de rotation, on zoome sur une mouette et c’est reparti. Mais le résultat reste cliché. Tout se passe comme si le créateur n’avait pas regardé au-delà de l’extérieur et osait à peine entrer en contact avec une ville qui ne ressemble à aucune autre.



ttn-fr-33