À Velp, près de Grave, le frère Christophorus Goedereis (59 ans) est en train de fonder une nouvelle communauté monastique. Et c’est particulier, car les monastères ferment actuellement partout aux Pays-Bas. Les frères et sœurs disparaissent littéralement, car il n’y a plus de nouvelles vocations. Mais Christophorus n’en reste pas là : « Parce que je crois que notre forme de vie est toujours d’actualité. »

Parce que plus personne aux Pays-Bas ne veut entrer dans le monastère, Christophorus fait venir ses frères de l’étranger. L’aîné est le frère Théo, il est néerlandais mais vit à Rome depuis quarante ans. Les autres frères sont beaucoup plus jeunes, tous dans la trentaine. Deux viennent d’Inde, un de Tanzanie et un d’Indonésie. Lui-même vient d’Allemagne. Ils commencent donc avec six d’entre eux.

Les premiers frères arriveront à Velp à la fin de cette année. Ils vont ensuite vivre au monastère d’Emmaüs. « La plus ancienne place franciscaine des Pays-Bas, datant de 1645 », déclare fièrement Christophorus.

« Tout est toujours pareil, la maison nous attend. »

Leurs couchages au premier étage sont déjà prêts. « Avant, il s’agissait de trente petites cellules. Il y a désormais douze chambres, six pour les invités et six pour nous », explique Christophorus. « Et chaque chambre dispose d’une douche et de toilettes. » Les chambres disposent de bibliothèques, de chaises et d’un bureau. Ils appartenaient aux frères qui vivaient ici. « Cela fait dix ans que les frères capucins sont absents d’ici. Mais en réalité, tout est resté ainsi. Le frère rit : « La maison attendait notre retour. »

Le mois dernier, le dernier monastère capucin, situé sur la Korvelseweg à Tilburg, a fermé ses portes. Les quinze derniers frères ont déménagé dans une maison de retraite à Breda. Le cimetière, situé dans la cour du monastère, déménagera également à Velp en octobre. Frère Christophe montre où les frères seront enterrés de nouveau. «C’est ici que s’achève un chapitre majeur de l’histoire des Capucins hollandais», dit-il solennellement.

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Il reste immobile un moment. Silence. Et de poursuivre : « Je vis aux Pays-Bas depuis deux ans, donc pas si longtemps. Mais je connais déjà beaucoup de frères. Et beaucoup sont morts au cours de ces deux années. C’est pourquoi nous sommes souvent ici pour faire nos adieux. Et nous serons ici plus souvent. Puis à nouveau joyeux : « En même temps, j’espère que quelque chose de nouveau se produira ici. »

Christophorus réalise à quel point son action est inhabituelle. « Dans les années 1990, il a été décidé de ne plus accepter de nouvelles personnes, les frères étaient trop vieux et trop faibles. Ils décidèrent de conclure. Et puis soudain, il y a un nouveau départ.

« Allumer une bougie, la forme de foi la plus simple. »

Selon le frère, son travail est toujours important. Il nous emmène à l’église du monastère et nous montre les bougies allumées : « La semaine dernière, il y avait ici un couple avec deux motos Harley-Davidson. Et on a arrêté de travailler. « Frère, pouvez-vous aider ? » ont-ils demandé. J’ai dit : « Tu devrais juste aller à la chapelle et allumer une bougie avec Saint Antoine. » Puis le moteur a recommencé à fonctionner », rit Christophorus. « Un petit miracle. Ou juste une belle coïncidence.

Il poursuit : « C’est la forme la plus simple de religion, de foi. Chaque jour, les gens viennent ici pour s’asseoir en silence, prier et allumer une bougie. Cela reste. Les Pays-Bas sont l’un des pays les plus déséglises. En même temps, beaucoup de gens sont en quête de sens. Et c’est là que tout commence.

« Je ne suis pas un sorcier ou quoi que ce soit. »

Sera-t-il possible de redonner un nouveau souffle à la vie monastique avec six frères ? Christophorus ne le sait pas non plus. « Je suis très terre-à-terre : on ne peut pas faire de vocations. Je ne suis pas un magicien ou quoi que ce soit. Mais ma conviction la plus profonde est que notre spiritualité doit continuer. Nous travaillons sur des questions d’actualité depuis huit cents ans. Il y a deux grands chemins de pèlerinage dans ce monastère qui sont encore parcourus aujourd’hui. Cet endroit et ce qu’il représente sont toujours importants. A terme, j’espère que nous recevrons à nouveau des vocations.



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