Les ministres de l’UE parviennent à un accord sur le durcissement de la politique d’asile

Les ministres européens de la migration sont parvenus jeudi soir à un accord politique sur le durcissement de la politique d’asile à l’égard des demandeurs d’asile sans perspectives et sur la relocalisation des demandeurs d’asile des pays situés à la frontière extérieure européenne vers d’autres Etats membres.

C’est la première fois depuis des années que les pays ont pu parvenir à un accord provisoire sur les aspects les plus difficiles de la politique migratoire à multiples facettes. Les Pays-Bas ont également accepté le compromis.

C’est une percée politique importante, mais en aucun cas la fin du débat politique. La décision ouvre la voie à des négociations entre les États membres et le Parlement européen. D’ailleurs, certains pays ont déjà exprimé leur mécontentement face au résultat et souhaiteraient en rediscuter lors du sommet des chefs de gouvernement à la fin de ce mois.

Le ministre italien a dit : c’est un jour où nous commençons quelque chose de nouveau, pas un jour où nous arrivons déjà quelque part. Son collègue allemand a néanmoins qualifié l’accord politique d’historique.

La Pologne et la Hongrie ont voté contre l’accord, quatre pays se sont abstenus. Les États membres n’ont pas de droit de veto sur ce point.

À l’avenir, les pays situés à la frontière extérieure de l’UE, qui ne peuvent plus faire face au nombre de demandeurs d’asile, pourront faire appel à la Commission européenne et demander la solidarité des autres États membres. Si la Commission reconnaît la situation de crise, le fardeau sera partagé dans toute l’UE.

Chaque pays aura une obligation proportionnelle à la taille de sa population et à ses revenus. Les Pays-Bas devront alors payer 4,95 % de la charge de solidarité. Les pays peuvent prendre en charge les demandeurs d’asile, mais ils peuvent aussi acheter leur solidarité en transférant de l’argent ou en aidant à expulser les demandeurs d’asile qui ont épuisé toutes les voies de recours.

Les pays frontaliers auront la possibilité d’expulser plus rapidement les demandeurs d’asile sans perspectives. Quelqu’un qui vient d’un pays dont peu de demandes sont approuvées se retrouve dans une telle procédure accélérée. Les demandeurs d’asile peuvent être renvoyés dans un pays où ils ont séjourné avant leur voyage vers l’Union, même si ce n’est pas leur pays d’origine. Il s’agit souvent de réfugiés économiques d’Afrique de l’Ouest. Les demandeurs d’asile de pays tels que la Syrie et l’Afghanistan bénéficieront d’une procédure d’asile complète, comme d’habitude.

Alors que les ministres de la migration se réunissaient, il a été annoncé que le Premier ministre Mark Rutte se rendrait dimanche en Tunisie avec une délégation remarquablement nombreuse. Officiellement, Rutte se rendra à Tunis avec la présidente Ursula von der Leyen de la Commission européenne et son homologue italienne Giorgia Meloni pour des entretiens sur l’économie, l’énergie et la migration. Bien que les deux premiers sujets ne soient pas sans importance, personne ne doute de l’objectif principal de la visite : prendre des dispositions pour réduire le nombre de bateaux migrants qui atteignent les côtes européennes depuis le pays d’Afrique du Nord.

président autocratique

Les consultations à Luxembourg et la visite à Tunis sont liées. Si les dirigeants européens parviennent à conclure un accord avec l’autocratique président tunisien Kais Saied, cela réduira la pression sur le système d’asile européen. Et si moins de personnes en Europe demandent l’asile, il sera plus facile de conclure des accords sur la redistribution des réfugiés entre les États membres.

De plus, après de grandes luttes autour de l’azote, des surtaxes et du gaz de Groningue, il est d’une importance politique vitale pour Rutte de pouvoir présenter un succès dans le domaine de la migration. Des membres grincheux de son propre VVD réclament des restrictions migratoires depuis des mois. Rutte a déjà été très actif en Europe cette année, par exemple en co-initiant un sommet spécial sur la migration en février. Avec Meloni, il a déjà bu « une tasse d’expresso » pour briser l’animosité traditionnelle entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud dans ce domaine. Limiter le nombre de migrants est dans leur intérêt mutuel.

Selon un porte-parole du Service d’information du gouvernement RVD, aucune entente ne sera finalisée dimanche.



ttn-fr-33